Feel The Heat Compilation

Chronique :


Imaginez des cieux orange où deux soleils immenses luisent doucement. Quelques nuages mauves aux accents pourpres glissent sur cette voûte sans étoiles. On aperçoit le mirage d'une cité qui se dessine. Au loin, la cime des immeubles caresse l'horizon qui semble brûler. Le vent souffle calmement et balaie le sable, laissant de plates et fines vagues sur les dunes qui s'éparpillent. A Phoenix, au cœur du désert, la chaleur insuffle les cœurs. Et c'est dans cette nuit naissante, au crépuscule, que l'astre inspire nos artistes. En 1998, l'Arizona est au sommet. Des artistes tels que Vontel, Mr. Iroc, Bookie, NBK, Scoota Thomas, Oppazet ou encore THC, en sont les instigateurs les plus actifs. Pourtant, l'état se pose en véritable vivier, grouillant de jeunes talents, où les trésors dorment encore. C'est dans cette optique, que le label "Time Is Money Entertainment" décide de réunir une kyrielle d'artiste, placée sous un caractère bouillant, sulfureux et chantant au studios "Porcupine", "Third Eye" et "Salt Mine". En effet, sous forme de compilation, l'opus recense donc rappeurs et chanteurs dans un mélange où se côtoient G-Funk et RnB. Visuellement, le travail est très simple, presque repoussant de simplicité. Mais pour une sortie locale, tout est pardonné, car le contenu surpasse évidemment le contenant. Eventail du panel et paysage que propose l'Arizona, le nombre des artistes égalent celui des producteurs. Ainsi, RK Jackson, Felipe “Wax” Delgado, Ant. Jiles, Shepdog, Rock, Funk Daddy, M. Willis, S. Harris, W. Terry, S. Thorton, Glen Harmon et John Martin se partagent la réalisation. La liste des protagonistes est toute aussi longue, et l'on retrouve ainsi D.Gant, X-Cel, ASAP, Mayhemm, Shepdog, Trevon, Helen B, PAT, Malika, Mileon', Crooked Path, Steve Harris, SLF, Lil Gemini, C. Newman et enfin John Mykal. Dés les premières notes, on comprend la richesse que les productions s'apprêtent à nous offrir. Les instruments surviennent en quantité. Ainsi, guitare, divers claviers, piano, orgue, percussions et bien d'autres construisent la quinzaine de pistes qui composent l'album. On alterne entre morceaux exclusivement chantés (Fort heureusement, les ballades guimauve, mièvre au possibles, sont exclues de l'opus pour notre plus grande satisfaction), et titres foncièrement G-Funk. Bien entendu, les sirènes répondent aux plaintes mélodieuses des sifflets qui parsèment l'écoute. Malgré la diversité des compositeurs qui enrichissent cette mouture, on demeure dans une atmosphère homogène, doublée d'une identité propre et bien définie. Ainsi, aucun déchet notable ne vient pourrir les fruits juteux du panier. "Watchin U" au contraire explose comme une célébration à l'Arizona, intégrant parties chantées et rimes acérées, dans un climat ensoleillé de pure G-Funk assourdissante. Les épaules remuantes, la tête se met à bouger toute seule, au rythme du beat qui claque avec force. Bien sûr, les morceaux phares ne manquent pas. Que ce soit au talkbox avec "Suede We Love You" ou encore "Baby Come Over" et "War Zone", les tubes s'enchaînent sans répit, nous proposant des ambiances différentes encore et encore. A phoenix, on maîtrise le verbe. C'est pourquoi, chaque artiste manipule la rime avec précision, talent et inspiration. Strophes, phases, ralentissements et accélérations se combinent donc avec adresse. Quant aux refrains, chœurs et divers chants, ils se révèlent juste somptueux, aux voix tantôt légères, tantôt fortes mais à chaque fois harmonieuses.L'Arizona est une scène que j'apparente à la Californie du sud. Elle y retrace les mêmes courbes, en y empruntant ses références et ses motivations, à savoir une musicalité toujours poussée et un caractère acoustique très fort. Toutefois, elle a su y développer une atmosphère aux arômes propres et personnels. C'est donc un album, qui non content de nous représenter une scène aux charmes indéniables, affiche une qualité surprenante. Les amateurs de G-Funk apprécieront.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponbilité : Assez rare.

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