Concrete Jungle - Get Paid

Chronique :


C'est dans une jungle urbaine et californienne, rythmée par les cadences effrénées des pneus qui crissent et des sirènes qui retentissent, que le duo "Concrete Jungle" nous arrive en 1999 sur leur premier EP. Signé sur "Zoolu Entertainment" et distribué par "Pacific Records", le moins que l'on puisse dire est que l'album est court. Très court même, puisque seulement trois titres, ainsi que leurs versions instrumentales respectives, nous sont proposés. Qu'a cela ne tienne, la qualité répond à l'appel avec beaucoup d'éloquence. Trois titres certes, mais trois perles aux accents G-Funk appuyés. En effet, fort d'un caractère acoustique pertinent, les rares morceaux qui composent cette brève mouture, parviennent néanmoins à nous charmer dés les premiers instants. Très peu de renseignements et autres informations au sein d'un livret presque ridicule. Visuellement, l'aspect artistique pourrait rebuter, pourtant, comme souvent, la musique qui se cache au coeur de cette curiosité, rayonne avec éclat. Dans une atmosphère très ensoleillée qui dessine avec justesse les travers et autres mœurs d'un Los Angeles cuisant. C'est donc avec un plaisir non feint que l'on retrouve un visage instrumental varié et dépeint par nombre d'acteurs. Maints claviers construisent la production, épaulés par les grondements du moog, lourd et épais. Cordes en tous genre se posent en vedette. La basse accompagne les riffs des guitares animées par les multiples percussions qui tambourinent.La première piste "Jungle Funk" impose un ton dur, qui percute avec violence. Moog et tempo résonnent aux échos des chœurs qui s'élèvent au dessus des rimes, distillées avec brio. Un titre résolument californien, dans son schéma classique, mais efficace. Première bombe, le morceau explose, et les basses crachent une mélodie épaisse aux traits féroces comme un fauve excité. "Keyed", prend le contre-pied de la première plage et nous délivre une piste calme et adoucie par une harmonie délicate. Bien sûr, le titre emprunte à Roy Ayers un tube qui ne quitte nos mémoires. Toutefois, bien qu'usé et abusé, Concrete Jungle nous surprend par une version grandement enrichie. Tout y est. Sirènes et sifflets épars se succèdent alors que les chants subtils se superposent avec douceur. Force est de constater que la réalisation est de haut vol. Véritable joyau G-Funk qui s'attarde à n'en plus finir, c'est encore tout étourdi que la dernière piste commence. "Gotta Get Paid", toujours aussi musical, répond et clos avec fierté ce joli parcours. Toujours aussi G-Funk, on écoute avec joie les instruments s'unir aux voix savoureuses qui habillent ce troisième morceau. En définitive, trois titres de très grande qualité viennent s'offrir à nos oreilles avec beaucoup d'allure. Ensuite, pour prolonger une durée presque cruelle, les versions instrumentales s'ajoutent alors. Et à l'écoute presque analytique des plages qui défilent, impossible de ne pas encenser pareilles compositions. Saluons aussi les flows également, qui suivent avec perfection les réalisations exposées. Nos deux MCs se relaient avec talent et nous avance un jeu de rimes et autres phases, de très bonne facture.Dans la forêt immense qui recouvre un paysage et une scène musicale toujours plus dense, et malgré la concision de leurs efforts, les "Concrete Jungle" auront su apposer à l'édifice une pierre, que l'on pourrait croire précieuse. A juste titre d'ailleurs, car la musicalité qui s'en dégage est de qualité. Encore une fois, un très bon opus, pour tout amateur de G-Funk. On aurait aimé davantage de branches sur l'arbre, car trop vite épluché, sa durée est son seul défaut.

~ Sharingan Masta ~

Note : 16,5/20
Disponibilité : Rare.

Aucun commentaire: