Ya Boy Black Ice - 5.0 Reasons

Chronique :


Ya Boy Black Ice remet le couvert en 1998, huit longes années après une première sortie en tape avec Poetry pour le chapitre "Suicide" de Po Black Citizen. L'un produisait quand l'autre narrait une vie écrouée par une jeunesse avide, gourmande et insatisfaite. En provenance de Richmond, Travis Keeton de son vrai nom, nous arrive sur son premier album. YBBI est un artiste accompli. Possédant son propre label, on pourrait davantage parler de société. En effet, musique mais également esthétique, la jaquette est réalisée par Travis lui-même. Notre ambitieux compère annonce même sa propre ligne vestimentaire "41510 Apparel". On peut donc parler d'autoproduction à part entière. C'est donc appuyé de Corry Fuller, que Travis nous administre un album d'ores et déjà classique. La production est intégralement signée R. Parker pour Ashy Knuckles Productions et A. Rivers (a.k.a. Poorman Dre) pour Poorman Dre Productions. Le tout étant mixé aux Poorman Studios de Richmond. Malgré le fait que cette sortie soit cantonnée aux environs pour des prétentions seulement locales, il faut admettre que le travail ici proposé est de grande facture. Sur une dizaine de morceaux, la musicalité ressentie est très prononcée. Beaucoup d'instruments sont à recenser. C'est ainsi que la basse se superpose aux riffs rythmés d'une guitare jouée avec adresse. Très acoustique, les mélodies séduisent rapidement, avec beaucoup de facilité. Les nappes aux claviers, tranquilles et harmonieuses accompagnent un jeu de sirènes effilées. Plusieurs atmosphères se diluent au cours des pistes qui s'écoulent. "Step Away" par exemple est une plage très représentative des sonorités que l'on peut observer sur la Bay. Le moog gras et explosif appuie la cadence soutenue par les rimes tranchantes de YBBI. En réalité, la plupart des titres pourraient être qualifiés comme G-funk. Bien sûr, la sonorité diffère des coteaux ensoleillés de Long Beach, mais la volonté reste similaire. "Parkin' Lot Pimpin", "5.0 Reasons", ou "Still Slippin" (Mais encore bien d'autres tels que "Living in The Town") percutent presque immédiatement. Les gammes légères à l'orgue et au piano, suivent le tracé diffus des sifflets fredonnant. Quelques soupçons de saxophone résonnent, puis la basse émerge doucement. Au final, la production, délicate, est surprenante, très instrumentale et souvent originale. Brother Dre au mixage parvient à filtrer chaque couche pour les associer dans une concorde parfaite et cristalline. Ya Boy nous propose un flow impeccable, classique en parfaite adéquation aux compositions. Les nombreuses phases, se succèdent avec entrain, articulés avec succès pour un résultat détonnant. Quelques refrains confirment également nos positives impressions. Laini & A.Rivers se relaient avec grâce. Les grains suaves de leurs voix s'accouplent, puis se détachent pour des chants délicieux, fragiles et soyeux. Quelques apparitions à saluer également, notamment celle de Big Mone qui nous administre une performance très motivée. Ya Boy Black Ice nous offre un album presque parfait. Quoiqu'un peu court et vite consommé, peu de choses sont à redire. Les productions, efficaces, sont acoustiques, musicales et instrumentales à souhait. La rime n'est pas en reste non plus, et Travis appose un flow étudié et aux phases sérieuses. G-Funk dans un sens, plus Mobb dans un autre, c'est un classique qu'il nous est conté aujourd'hui. Absolument indispensable pour tous, un opus à se procurer de toute urgence.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Très rare.

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