Swiss - What Does It Mean

Chronique :


Fairfield, au risque d'en faire tressaillir plus d'un, est une scène que j'affectionne très peu. Fades, linéaires, et finalement sommaires, les productions ne proposent que peu de fraîcheur à mes oreilles, plagiant souvent les scènes les plus illustres, en dénaturant même les références, quand on ne parle pas de massacre. Une opinion qui n'engage visiblement que moi, mais à laquelle je tiens fermement. Toutefois, en 1996 Swiss nous propose son premier album, en marge des couleurs locales, pour un travail plus personnel mais aussi bien plus riche. C'est donc en 1996, sur "Hole-N-1-Records", et enregistré au "B-Side Studios", que les rimes sont lâchées. A la réalisation, on retrouve Swiss lui-même, épaulé de Bobby "Boss" Ford, Demetrie ainsi que Leo Wright. L'ambiance imposée par l'album est spéciale, singulière voir étrange. Toutefois, les inspirations ne manquent pas et se mélangent dans un savant cocktail. Le funk transpire, moucheté de références éparses. Le Jazz et la Soul se côtoient, flirtant ensemble, s'amourachant avec douceur. Parfois sombres (Black Saga), les mélodies sont pourtant soignées avec ardeur. Beaucoup de piano parsème l'album, teintant et balançant comme une cadence entraînante, célébrant les vicissitudes de l'existence au cœur des Flatlands. "Dis Hear" ou "Don't Stop" sont de véritables bombes en puissance. Le rythme effréné n'arrête pas, porté par les articulations carrées de Swiss. C'est un album complet, régulier et homogène où le plaisir éprouvé se fait intense. Les pistes se suivent mais ne se ressemblent pas, sans pour autant casser la ligne conductrice d'un opus, classique par bien des aspects. Les instruments jouent à l'unisson, et encensent des réalisations affûtées. La basse slappe et rebondit au gré du jeu éclairé aux claviers. Le moog, omniprésent, se fait lourd puis effacé, harmonieusement selon la volonté musicale. Tout se mélange, se confond dans une concorde notable et appréciable. Des relents G-funk sont même à remarquer. "Reminisce" ou encore "Cross Roads" oeuvrent dans ce sens. Les sifflets légers et mélodieux sont nombreux, chantant avec grâce. Plusieurs visages donc se partagent sur l'ensemble de l'album, tous fort d'une saveur particulière et convaincante. J'attache beaucoup d'importance au flow aiguisé de Swiss, que je considère comme un atout de choix L'exemple le plus frappant revient au morceau "Dis Hear" où notre MC enchaîne les phases de manière surprenante, alternant ralentissements et saccades soudaines, au profit d'accélérations dosées avec subtilité. Sa rime, tranche, découpe, perfore et cisaille. En complète osmose aux réalisations présentées, Swiss affiche une symbiose parfaite, formant un ensemble compact et solide. Les chœurs se révèlent également somptueux. Concentrés sur les titres aux influences dites "G-Funk", on assiste à des refrains de qualité aux intentions festives. Kelly Kell nous offre son timbre sensuel notamment sur "Cross Roads", cachet supplémentaire quant à la valeur désormais manifeste de cette mouture. K-Lee, Bizzy B, Trilogy, Brent ou encore Spoon apportent des couplets efficaces, en soutien aux rimes acerbes de l'artiste.Si tout cela ne représente que peu de signification aux yeux de Swiss, il en est tout autre pour nos tympans aguerris. Le premier album de ce dernier n'est ni plus ni moins une valeur sûre. Aux accents Mobb, adoucis par les senteurs fragiles de la G-Funk, c'est un album fort et intense. Malheureusement comme souvent, peu de titres nous sont avancés. Cependant, les rares plages présentent apportent leur lot de consolation. La recherche acoustique est évidente, associée aux rimes tonitruantes de Swiss. En conclusion, encore un album classique, indispensable pour beaucoup.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Plutôt rare.

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