GPA - Hard Times

Chronique :


C'est à San Diego que Steve Vicious fit ses classes. Son style est unique. Le grain qui caractérise ses productions est reconnaissable entre mille. Quintessence même de la chaleur ardente qui cuit la cime des palmiers desséchés au cœur d'une Californie brûlante, sa griffe a su se hisser au dessus des masses, imposant un talent immense, une inspiration presque sans limites. Les chicanos l'ont compris, et nombreux sont les artistes à avoir solliciter la "VMF Touch". C'est donc avec l'aval de A.D. Beardsley Sr. Que GPA enregistrera son premier album en 1999 sur "Ghost Town Ent.". La production, majoritairement orchestrée par VMF lui-même, laissera toutefois place à deux réalisations de EMP, dont le titre phare de l'album. Le premier opus que nous délivre GPA affiche un dualisme prononcé, constante récurrente au G-Rap. Déchiré par le vice fait de crimes, vols, drogues et luxure et une existence plus saine où l'amour des siens le pousse à percer dans la musique, GPA est un être écorché où ses deux ascendants se heurtent avec violence. Ses démons le tiraillent. Son âme harcelée, divisée, est appelée par les sphères célestes lorsque succubes et suppôts séduisent son cœur oppressé. C'est dans cette atmosphère bouillonnante, que nos deux producteurs développeront leurs génies respectifs. On pourrait aisément qualifier la réalisation comme pure G-Funk, pourtant l'influence de VMF est forte, et le résultat diffère finalement. Les productions se révèlent très abouties comme toujours. Une multitude d'agréments se confondent et se couplent aux instruments authentiques. La basse rebondit, la guitare retentit lorsque le moog rugit. Aux claviers, Steve étonne et détonne, son jeu est tout simplement impeccable, recherché et travaillée à l'extrême. Les nappes mélodieuses s'ajoutent progressivement pour une harmonie dévastatrice. Lourd, massif, appuyé et furieux, c'est pourtant avec une grande subtilité que notre producteur transporté se laisse glisser dans le torrent de ses facultés. Définitivement "Street", sa musique ne plaisante pas. Toutefois, malgré cette orientation très rude, voir féroce, l'esprit demeure très acoustique. On décompte un nombre incalculable de sirènes et autres sifflets, qui se chamboulent, se croisent, s'alignent et s'accompagnent avec ferveur. Bien que l'album soit absolument parfait d'un bout à l'autre, certains titres ressortent comme des hymnes suprêmes. En effet, "GPA's The Name" apparaît comme le tube de l'opus. EMP nous gratifie d'une production extraordinaire, G-Funk absolue aux reflets ensoleillés. Un morceau d'ores et déjà classique, qui sonne comme un hommage à San Diego la sulfureuse. VMF n'est pas en reste non plus et offre son lot de merveilles, et il serait trop long de tout commenter. GPA est très performant au micro, et personnellement j'ai beaucoup de mal avec le timbre nasillard des hispaniques, mais je dois reconnaître que ce dernier propose un flow chaleureux, presque accueillant. Ses rimes sont étudiées de façon intelligible et on dénote quelques phases plaisantes, comme ses accélérations soudaines, qui font de sa rime un atout de choix. O.G. Sancho et Mr. Shadow font leurs apparitions sur deux morceaux, amenant une certaine maturité ajoutée.Les temps sont durs, et il est rare de trouver encore des albums de ce cru. Véritable classique que l'on pourrait comparer au "Break Bread" de Nuttz, GPA nous offre une des meilleures réalisations du vénérable VMF. Absolument indispensable pour tous les fans de G-Funk, on regrette cependant le fait que l'album soit vraiment trop court. Avec peu de titres et certains d'une durée presque ridicule, la frustration est de mise. Cela étant, il ne faut pas bouder son plaisir et profitez du peu que l'on a. C'est un album qu'il est impératif de posséder. Tout simplement.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Rare.

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