Kingdom - I Reign Omnipotent

Chronique :

Kingdom est un seigneur. La couronne au feutre vermillon coiffée sur son encéphale imposante, son altesse nous toise de son regard royal et circonspect. Avachi sur son trône doré, les doigts parés des plus beau joyaux du royaume notre souverain règne, omnipotent. Au cœur de sa forteresse, gardée par ses fidèles sujets, Kingdom nous vient de Denver au centre du Colorado. Le visuel, traditionnellement aux conceptions des studios "Pen & Pixel", est d'un mauvais goût rare. On discerne notre artiste mal à l'aise, assis sur son siège impérial, étouffé dans son costume étroit. Ridicule, immonde et pourtant déjà culte, l'horreur esthétique de la jaquette en devient presque attrayante. Seulement voilà, la finesse des productions et des nombreux morceaux de l'album se révèle d'une intensité inhabituelle. C'est donc avec l'appui des mécènes Kevin Cardona et Tyrone Gray pour "3 Da Hardway Records" en 1998 que notre suzerain proclame sa dynastie. A l'instar de Fatal Instinct, on retrouve une musicalité incroyable au travers chacune des réalisations. : Hakeem Abdul Khaaliq, Todd "Sla-T" Walker, Chris "Nasty Mind" Johnson, Travis "TT Finguz" Todd et Auto Vandeever joignent ainsi leurs efforts dans une même optique acoustique et harmonieuse. Bien que la production soit locale, chaque morceau propose une élaboration des plus abouties. Un nombre époustouflant d'instruments est à commenter. Outre les sempiternels mais indispensables claviers, on recense basse et guitare se disputant incessamment. Le piano est fragile et gracieux, et on se plait à entendre les notes tomber avec délicatesse comme lors d'une averse qui s'achève. Notre équipe de talentueux producteurs fait même appel aux cuivres, où le clairon de la trompette entonne son chant si singulier. Sirènes, sifflets et maints artifices s'entremêlent avec saveur, pour un parfum exquis et diffus. Musicalement époustouflant, raffiné dans sa volonté, Kingdom nous délivre un album incroyable. On pourrait aisément qualifier ce répertoire de G-Funk, mais c'est encore autre chose dont-il s'agit. Les nappes aux claviers sont chaleureuses et frémissantes, où le moog vrombit avec douceur. Rythmé par le Funk, c'est par le Jazz et la Soul que sont adoucies les productions. Travis Todd, en véritable musicien, s'oublie le temps d'une écoute, faisant virevolter son talent sur les touches nacrées. Certains titres sont tout simplement stupéfiants (Ghetto Star, Letters From Lockdown, Shrimp & Lobster, Sands Of Time ou encore Nasy Fat Man) et s'inscrivent comme incontournables. Festives ou mélancoliques, les réalisations touchent avec justesse, de manière presque émouvante où émane une certaine sensibilité. Beaucoup de chants subliment cet opus En effet, les chœurs sont tout simplement délicieux. Les refrains magnifiques se succèdent avec calme comme une caresse sereine et veloutée. Dai Dai, Auto Vandeever, Ranelda Snell, Erica Dymakkus et Merideth Williams ajustent leurs voix sensuelles et envoûtantes. Le résultat est incroyable, et c'est un tourbillon d'essences et arômes divers qui se mélangent avec souplesse. Les plus intransigeants, pourront éventuellement reprocher à Kingdom son flow un peu rauque. En effet, gutturale et prononcée avec fermeté, son élocution peut rebuter à la première attention. Pourtant, au fil des écoutes, celle-ci finit par habituer nos oreilles vulnérables pour un constat finalement irréprochable.Indétrônable classique que le premier album de Kingdom. Riche et savoureux, chaque composition supplante la précédente. La multitude de refrains est simplement magnifique et on assiste à une évidente créativité musicale. Complet, régulier et proposant un nombre conséquent de titres, il sera difficile de renverser l'autorité, désormais impériale et totalitaire, du régime monarchique entamé par Sire Kingdom. A noter qu'un second album vit le jour, mais ne l'ayant jamais écouté, je ne pourrais garantir sa qualité. Ce premier opus est quant à lui un album à posséder impérativement.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17,5/20

Disponibilité : Assez rare.