Sweet P - I Toast Myself

Chronique :

Bon, autant le dire tout de suite, cet album est une véritable bombe en puissance, du début à la fin. Sweet P, à ne pas confondre avec son homonyme texan (très mauvais par ailleurs), nous vient donc de Seattle, pour une réalisation remarquable, enrichie de moult influences. A l'image de la jaquette, l'opus que nous délivre Sweet P en 2000, est un sacre à lui-même. Notre ami trinque à sa santé, arrosant son ego de cognac au creux de la paume d'une donzelle légèrement vêtue. C'est donc sous l'aile de Bizzie 2000 & BS pour "Deuce Eight Publishing", que Sweet P inaugure le nouveau millénaire. Loin des courants actuels, sa musique pioche dans les inspirations d'autrefois, en référence au milieu des '90s, s'amourachant du Funk et même du Jazz. Bien avant d'aborder le contenu, penchons nous sur le contenant. Bien que la sortie semble locale, le visuel fut léché avec soin. Les studios "Pen & Pixel" ont fait un travail très appréciable où les femelles, tout en chair, entourent notre compère dans un bouquet de couleurs vives. Enregistré aux célèbres "Pajama Jam Studios" d'Oakland et masterisé par Bernie Grundman, les réalisations sont signées du diapason inspiré de Bumpy pour "Deuce 8 Productions". Au risque de choquer les uns, étonner les autres, cette mouture s'inscrit à mes yeux, comme parmi l'une des meilleures réalisations post 98. D'une musicalité rare, on assiste à une extraordinaire élaboration dans la composition. Avec une pléiade d'instruments authentiques, on recense un bon nombre de parties jouées, grattées, comme improvisées. Les solos de guitares donnent la réplique aux chants des nombreux claviers. La basse s'accorde au piano, entrelacée des sirènes et autres sifflets. Sans jamais verser dans la facilité, les réalisations s'avèrent complexes et étudiées, demeurant toutefois claires et harmonieuses. Tout s'orchestre à merveille dans un même sens, une même optique. Sur pas moins de quatorze titres choisis avec goût, les ambiances diffèrent sans jamais se répéter, tout en respectant l'esprit voulu. On alterne entre titres lents et mélancoliques, morceaux festifs et entraînants, pour des plages plus affirmées au son très Mobb. Pas une track n'est à jeter, chacune se paye même le luxe d'innover sur la composition qui lui précède. La talkbox est également présente, lancinante et délicate, employée comme simple mélodie. Comme pour enfoncer le clou et définitivement imposer sa musique, les chœurs sont également à souligner. Mississippi, présent tout au long de l'album, nous attribue des refrains de toute beauté, décuplant notre plaisir à son paroxysme. Sa voix satinée et son timbre léger, confèrent à l'écoute une dimension plus grande encore. Les chants se perdent dans les réalisations, soulignant chacun des moments forts avec intensité. Comme pour appuyer son talent, Francci et Rich soutiennent notre vocaliste dans son œuvre, apposant également leurs grains suaves. Au sujet de la rime, Sweet P se révèle excellent, avec un flow agréable, agrémenté de multiples phases en tout genre. Toujours calé dans le rythme, son verbe se développe avec aisance, variant les intonations, changeant son inspiration. Mr. Benjamin, Crafty (qui nous vient également de Seattle) et Rob Doe appliquent leurs empreintes lors d'apparitions sympathiques. La majeure collaboration reste cependant la présence de B-Legit sur un titre explosif, où nos deux MCs se relaient et se succèdent avec art.En conclusion, ce LP est tout simplement délicieux à mes yeux. Avec des productions d'un doigté inhabituel, des morceaux éclectiques et acoustiques, des fins qui s'attardent lors de jeux instrumentaux, le seul album de Sweet P, pourtant tardivement venu, n'en est pas moins un classique. Mêlant la G-Funk aux sonorités si plaisantes made in Bay, le cocktail est fort savoureux. Aucun reproche ne me vient à l'esprit. Complet, musical, étudié et régulier, je ne saurais que trop vous recommander de rapidement vous y intéresser.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17,5/20

Disponibilité : Sortie locale plutôt rare.