Oppazet - In The Beginning...

Chronique :


Bombe G-Funk. Comment qualifier autrement un album qui reprend toutes les lignes directrices, ingrédients et autres agréments qui alimentent ce genre si prisé ?? Au cœur de l'Arizona, Vontel, Mr. Iroc en était les dignes fers de lance, prônant une musicalité aux confins de l'acoustique, aux productions riches et travaillées. Il faudra désormais compter sur Oppazet. L'album que nous délivre ce dernier en 1997 est un véritable diamant. Parfait sur toute la ligne, mon enthousiasme n'a d'égal que la finesse des compositions qui le définissent. Il est si rare de pouvoir encore apprécier un opus purement G-Funk. Oppazet apaise nos désirs sur un chapitre subtil, qui s'écoule comme une ode au soleil. C'est donc à Tucson, au cœur des terres poussiéreuses d'une Arizona aride, loin du ressac tranquille des littoraux californiens, que Oppazet nous arrive comme une bombe. Bien que l'esprit auquel nous aura habitué le label "Fo'Life Records" ou celui de Iroc, reprenne une atmosphère totalement G-Funk. Les acteurs de cet horizon ont su bâtir une propre identité, avec un parfum et un charme unique. Oppazet respecte cette logique et c'est donc un album propre et personnel qui nous est proposé alors. Visuellement, la jaquette reste sobre, pourtant le livret, épais, présente de belles photographies dans un mélange de nuances noires et blanches. C'est donc avec allure et style que nous apparaît cette merveille. Par ailleurs, on a affaire à un album plutôt long (17 plages), qui malgré cela demeure sans déchets du début à la fin. Enregistré sur le label "Top Notch Records", sous la houlette de Big Lock, la production sera globalement assurée par Black Boy. Toutefois, Harvey Mason, Tian et Big Toe appuieront son talent en proposant quelques réalisations également. A mesure que l'écoute se fait, la dimension acoustique qui transpire au son des notes claires et mélodieuses des productions, se fait plus importante. On remarque de nombreux instruments présents. La basse, puis la guitare de The Keeber assiste un jeu de claviers enrichi par les inspirations sans bornes des artistes. A juste titre car les références sont multiples. Si des morceaux tels que "Oppazet" ou encore "Roll Wit Me" s'inspirent du Funk joyeux et percutant, certaines pistes quant à elles sont davantage orientées vers des registres plus adoucis. C'est ainsi que le Jazz et la Soul se côtoient et flirtent sans cesse pour notre plus grand plaisir. Les plages se succèdent dans une concorde rare. Black Boy est un authentique musicien qui le démontre de toute sa personne. Les riffs de guitare sèche relèvent les sifflets silencieux qui serpentent autour des rythmes nonchalants. Comment ne pas succomber devant un talent si précieux. Peu de reprises, hormis un sample de Sade revisité sur "What ?" ou encore celui de Mary J. Blige pour le calme et lancinant "I Got Love". Sinon, le reste des productions se révèlent originales. Les hymnes G-Funk se suivent et pourtant ne se ressemblent pas. Tout s'accorde avec une adresse rare, intense qui nous saisit irrémédiablement. On assiste même à quelques réalisations mélancoliques où la candeur et la grâce musicale atteignent des cimes vertigineuses (Show'em Love). Puis les sirènes G-Funk reprennent l'avantage sur "Culdasac" où la troupe de Tucson accompagne notre compère avec force et efficacité. Les notes de piano résonnent, la basse tonne et la guitare chante, puis étonne. Somptueux. Les titres se terminent en beauté, souvent accompagnés d'un solo instrumental délicieux. Comme si cela ne suffisait pas, Oppazet appose un flow en parfaite osmose à la richesse des productions. Son timbre grave et son articulation souple délivrent un éventail de rimes fluide et exercé. Dans une harmonie impeccable, tout prend un sens, sans fioritures, sans fausses notes aucunes. Quelques apparitions de la scène locale viennent ébranler un peu plus nos tympans réjouis. Mr Finch, Mr Diggs, T.Spicer ou encore les Poetic Souljazz se donnent corps et âmes lors de vers inspirés. Un accent très particulier a été mis sur les refrains. Les chants satinés de Koffee Duvaul, The Femmenist ou Imperial encensent une écoute extraordinaire. Longs, étudiés, veloutés et d'une volupté sans pareille, les chœurs entourent les strophes de nos artistes. Ils viennent se lover au centre des compositions avec une sensibilité exquise.Nous pourrions en parler longuement tant l'album que nous gratifie Oppazet est excellent. D'ores et déjà classique ultime de l'Arizona, il rejoint l'élite des perles G-Funk. Tout y est. Les refrains épaulent la magie des instruments, cadencés par le flow calme et mélodieux de l'artiste. Long et régulier, rien n'est à redire. Une pièce maîtresse sur bien des rapports, indispensable à toute discographie G-Funk.

~ Sharingan Masta ~

Note : 18/20
Disponibilité : Sortie locale très rare.

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