Eeyanjae - Str8 No Chaser

Chronique :


"3rd Stryke Muzik" s'avance comme le renouveau de la musique afro-américaine. Chaque registre est ainsi représenté. Jazz, Soul Hip-Hop mais aussi Rock sont développés et c'est pourquoi le label affiche une ambition si éclectique, visant à toucher et cibler une population d'écoute aussi éparse. Au cœur de Détroit dans le Michigan, Eeyanjae en est le digne représentant. Après un premier essai sous forme de EP (Realwidit), c'est en 2003 que notre artiste aux multiples compétences nous arrive pour son premier album. Dans des nuances pastels d'un bleu glace où Eeyanjae pose fièrement, une bouteille déverse une substance scintillante au creux une choppe incrustée de beaux joyaux. Un jour tu pleures, un jour tu ris. Les masques vénitiens comme icône, c'est un visuel chargé de symboles, de références et de messages. L'iris azur d'une demoiselle nous toise au firmament où se confondent la brume qui enveloppe les immeubles de la ville. Eeyanjae est un authentique talent interprète mais aussi producteur, son savoir faire se développe dans le verbe comme dans la composition. C'est ainsi que son album propose la majorité des titres signés de sa griffe. Toutefois, quelques autres producteurs viennent lui prêter main forte. Tee, Haywood, 3rd et K. Holexar s'associent donc dans ce sens. Bien que la sortie, tardive soit au centre d'une époque régie par les artifices électroniques, le caractère acoustique est ici incroyablement abouti. On assiste à un véritable torrent instrumental où ces acteurs mélodieux se chamboulent, se mélangent et se fondent avec douceur dans une harmonie presque magique, envoûtante. D. Brown aux claviers nous octroient un jeu et une inspiration d'une richesse peu commune. Les nappes, subtiles et délicates ondulent avec légèreté, comme un voile transparent et onctueux. A la basse, M. Harrington slappe et fait rebondir les accents graves de ses cordes épaisses. K. Holexar, qui s'illustre également à la production, nous gratifie de riffs mélancoliques délicieux et merveilleux. Sa guitare, parfois chantante, émet une complainte triste et feutrée. Les pleurs électriques se suivent avec candeur, soutenant les pincements aigus des cordes fines. Quelques notes de pianos également viennent mourir sur la beauté des compositions. Tout s'accorde avec une harmonie exemplaire et s'inscrit dans une atmosphère fragile et précieuse. "Role Playa" est indubitablement le joyau de l'album. Les chœurs suaves se mêlent au rythme imposé par les riffs acoustiques des guitares. Un réalisation tranquille, très mélodieuse qui accapare nos sens dés les premiers instants. On aperçoit même le Talkbox de Marcus Divine sur "Detroit's Finest", très efficace pour un morceau de grande qualité. "Sunshine" enfonce le clou, puisque la réalisation est tout simplement superbe, porté par les chants nostalgiques, et emmenés par les gémissements des guitares sanglotantes. Là encore, un magnifique solo de piano clos ce titre avec beaucoup de douceur. Bien des plages restent à commenter, et proposent que peu de fautes. Hormis "Str8 No Chaser", "1st 2 Switch" et "My Therapy" qui sont presque insoutenables, la plupart des productions séduisent sans mal. Eeyanjae nous propose un flow classique, avec son lot de phases et d'exercices qui traduisent une certaine maturité dans la pratique. Ses rimes, élastiques, s'accouplent avec dextérité aux changements des productions et aux diverses mélodies exposées. Les chœurs et autres maints refrains qui encensent l'album, sont abondants et la plupart somptueux. Légitimement d'ailleurs, car un nombre conséquent d'artistes en font les éloges. G-Luv des Road Dawgs vient même épaulé notre ami pour une connexion Los Angeles/Detroit de très bonne augure. D'autres invités locaux sont également de la partie, armés de couplets convaincants.En définitive, Eeyanjae nous propose un premier album surprenant. Avec un visage acoustique étonnement travaillé, l'intensité et la densité des productions est juste excellente. On ressent même quelques fragrances G-Funk qui émanent comme une senteur douce et odorante. A l'instar de Sweet P ou encore Ball Player, on retrouve une grande quantité d'instruments authentiques et florissants. Un opus à posséder donc, manifestement.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Avoisine les 30$.

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