Ganksta Gank - Me & My Killaz

Chronique :


Bon, difficile d'accorder le peu d'intérêt pour un choix esthétique aussi criard. Bien que très propre dans son élaboration, le visuel des studios "Pen & Pixel" surprend une fois encore. Les flammes embrasent un crâne osseux qui tient en son bec monstrueux un calibre encore fumant. Le lettrage incrusté des joyaux scintillants et serti d'or étincelant, agresse nos yeux avec force. Pourtant, Skully et GC The C-A Million, nous administrent en 1999 un album unique, avec un caractère et une identité très personnelle. Comprenons nous bien, il ne s'agit aucunement de G-Funk, mais une vraie musicalité est à saluer au travers ce LP. En provenance direct du Michigan, dans la périphérie de Détroit, Ganksta Gank nous lâche donc un premier album court (8 titres seulement) mais de grande qualité. Totalement autoproduit, la sortie (Skully Records), comme bien souvent, se révèle locale. Toutefois, le travail n'a pas été négligé. Dans une atmosphère sombre, parfois malsaine et oppressante, chargée d'une tension presque palpable, T.Doe Woods, seul aux manettes, nous assène des réalisation percutantes. Inspirées des accents Mobb où le moog, omniprésent et constamment sollicité, rugit et gronde aux rythmes des tempos lourds et graves. Les sonorités grasses et massives s'empilent comme des couches épaisses dans une harmonie clairvoyante. On entend les sirènes se faufiler entre les riffs lancinants des guitares étouffées. Les sifflets retentissent et s'accordent aux nappes nébuleuses que jouent les claviers maîtrisés de la production. Constante et régulière, c'est une écoute convaincante qu'il nous est donné d'apprécier. L'esprit imposé des les premières secondes se développe avec éloquence. Certains titres plus noirs ("Murder Ain't No Game" ou encore "Old Beef ") séduisent par cet aspect sale, violent, parfois malsain. En revanche, "Survive", "Come Out And Play" ou encore "Short Story" s'inscrivent comme des morceaux excellents, comparativement au genre affiché, où la notion acoustique est plus fortement employée. Les refrains, nombreux et mélodieux, viennent adoucir des lignes et volontés musicales pourtant tranchantes. Cette opposition, pourtant très audacieuse, fait mouche. Tout s'orchestre à merveille pour un ensemble impeccable. Notre tandem propose un flow qui se marrie à la perfection aux réalisations. Parfois rapides dans rime, ils savent se faire plus dociles, élastiques et souples au carrefour de deux phases. Une diction articulée ajoutée aux phrases distinctes et bien ordonnées, est un atout de poids quant au constat final. On notera également quelques apparitions efficaces où K.O., Kill, Al Ski, Top Notch (Good Fellaz) et Too Shank s'expliquent lors de couplets pertinents.Ce premier album que nous délivre le duo "Ganksta Gank" est donc un très bon opus de la prolifique ville de Détroit. Avec un parfum très propre et des compositions abouties, la noirceur des mélodies parvient néanmoins à séduire nos tympans fragiles. Chœurs, et instruments s'accouplent aux rimes exercées de nos deux artistes, dans une optique Mobb et toujours acoustique. Un LP qui constitue donc une bonne alternative aux nombreux classiques de la Californie, respectant cependant nos critères sélectifs. Je ne saurais donc trop vous conseiller d'y jeter une oreille attentive.

~ Sharingan Masta ~

Note : 16/20
Disponibilité : Rare sans être introuvable non plus.

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