Nonfiktion - Creative Differences (OG Version)

Chronique :


C'est dans un mélange rouge sang que les silhouettes de Gangsta Dre & Young Jayda se dessinent au cœur des rues sombres de Sacramento. "Samoht Design" nous octroie une fois encore un visuel aux couleurs et inspirations locales. C'est donc en 1996, sous l'égide de De-Neice sur le label "Raw Uncut Game Records", que Nonfiktion crée la différence. Distribuée par "En-Step" c'est une sortie importante qui nous est présentée aujourd'hui. En accord avec l'identité propre de la ville, c'est un album intense qui nous est avancé. La mélancolie se chamaille aux côtés d'une noirceur évidente. Les artistes tourmentés, une essence sombre et chagrinée se ressent tout au long de l'écoute. Toutefois, malgré la dureté d'une existence bien trop ordinaire, la musicalité est très prononcée. Et c'est aux moyens de producteurs renommés, que l'accent acoustique est marqué avec adresse. En effet, on retrouve donc KG, Mike Mosley, Stevie D et Robert Ford à la réalisation. Enfermés au K-Lou Studios et Paradise Studios, nul besoin de mentionner la qualité de l'enregistrement. Sacramento, en scène atypique et singulière, nous propose une musique forte et saisissante. Nombreuses sorties en ressentent son influence si unique. Nonfiktion ne déroge donc pas à la règle et s'inscrit dans ce registre avec beaucoup d'éloquence. La production se révèle très riche et une quantité importante d'artifices viennent tourbillonner à nos oreilles insatiables. Le quatuor de producteurs se relaie avec une régularité et surtout une homogénéité presque déconcertante. L'écoute se fait naturellement et on alterne entre titres rudes, pour d'autres plus tranquilles. Une fois encore, beaucoup d'instruments viennent parsemer chaque réalisation. Et hormis les abondantes sirènes et autres sifflets chantonnants, la guitare et la basse se succèdent avec entrain. Le piano, omniprésent tout au long de l'album, est un atout et un acteur de choix. Les notes subtiles et délicates se déposent avec une grâce étonnante sur des compositions maîtrisées. "Life Gets Hard" et "East/West Party" conservent les références locales tout en effleurant des courants G-Funk. Avec une mélodie efficace, les rimes se déploient sous les sifflets aigus retentissants. "Smoke Out" emprunte au Jazz finesse et richesse pour un morceau marquant. "Raw Game", "Willfully & Unlawfully" ou encore "Murder Pays" abordent des thèmes plus sanglants. Et bien que les réalisations suivent avec un esprit plus obscur, aucune fausse note n'est à relever. La recherche de composition est toujours de mise quelque soit la volonté artistique et c'est avec plaisir que l'album ne déçoit à aucun moment. Nul déchet ne vient salir une réalisation courte mais concise. Gangsta Dre & Young Jayda sont des MCs avertis et exercés. Le tandem se produit à merveille et enchaîne phases et autres démonstrations. Avec une articulation forte, presque crachée, on se plaît à comprendre aisément les propos crus et tendus de nos artistes entraînés. Les rimes, tranchantes, se suivent avec concorde, en adéquation aux réalisations, tantôt appuyées, tantôt allégées. Des collaborations de renom sont à saluer également. K-Geeta, Lo-Skee, LeMay (Marv Mitch & LeMay), Melle Mel, Insane & Psycho et la sulfureuse Marvaless débitent vers et strophes dans une salve détonante. Quelques refrains aussi, et le timbre de Mike Mayfield nous délivre des chœurs de toute beauté, sans fioritures aucune.Contrat rempli, promesse honorée avec talent, la "Nonfiktion" crée la différence en nous administrant un album presque impeccable. Dans la pure tradition de Sacramento, celui-ci s'inscrit parmi les classiques. Les compositions irréprochables dans le style évoqué s'associent aux flows affirmés d'un duo explosif. Quelques accents G-Funk sont même à remarquer, et c'est une écoute facile qui se fait alors. Un peu bref à mon goût, cela n'enlève en rien à la qualité de l'opus et pose alors ce premier album comme une référence en la matière.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Assez rare.

Aucun commentaire: