Game Clinic - Just What U Been Waitin' For

Chronique :


Après un premier album en 1994 sous l'appellation "Dead On Arrival" pour le chapitre "Puttin In Work", c'est en 1997 que la bombe Game Clinic explose. Dans les laboratoires épurées d'une musique aujourd'hui dénaturée, Game Clinic composé de Mo Green et Joe Duhone éclabousse nos oreilles de sons enflammés. C'est dans l'Indiana, à Indianapolis que la clinique opère. Point de bistouris et autres scalpels, c'est avec accords et basses assourdissantes que nos deux compères procèdent. Et c'est en chirurgiens avertis que la clinique guérit tous nos maux et satisfait nos attentes. Car c'est bien l'un des albums les plus percutants qui soit. En effet, on peut d'ores et déjà s'avancer en annonçant un album énorme, choquant, classique sur bien des points. Concentré de sonorités Mobb des plus audacieuses, l'aspect acoustique très prononcé vient soutenir une richesse de composition étonnante. C'est donc sur "Scratchmade Entertainment" que nos deux artistes enregistreront ce bijou. Pour "Bread & Meat Productions", on retrouve The Beatmafia à la réalisation, assisté de Billy Bathgate, le tout enregistré au "Bombay Coffe Shop", puis mixé et masterisé par Roger Tausz à Houston. Le studio "Pen & Pixel Graphics" fut une fois encore sollicité pour une esthétique cette fois ci, sobre et avenante. Aux premières notes, comment ne pas soutenir la comparaison avec les meilleures productions que l'on retrouve sur la Bay. A l'instar de T-Mo ou bien PTS, l'utilisation du moog est considérablement éloquente. De manière exagérée, sans jamais basculer dans la facilité ou la cacophonie, tous les ingrédients sont employés avec abondance. Les riffs de guitare et basses se succèdent de façon presque déraisonnable lorsque les sirènes n'en finissent de retentir. Tantôt stridentes, puis davantage mélodieuses, elles résonnent à nos tympans comme un électrochoc. Les variations aux claviers sont multiples et on est témoin de compositions aucunement linéaires aux nombreux changements. Si un sifflet chante de telle manière, il s'achève sur une mélodie différente. Toujours très acoustique et dans une harmonie surprenante, les réalisations s'enchaînent avec adresse. Pas un titre n'est à déplorer, au contraire, chaque morceau supplante le précédent. Déconcertant. Tout s'orchestre avec fluidité, découlant de façon naturelle et étudiée. Car malgré la simplicité que laisse entendre la plupart des productions, on comprend après maintes écoutes répétées leurs complexités. En effet, peu de producteurs parviennent à atteindre un tel niveau. Si propre et cohérente, la réalisation nous ébranle presque immédiatement, et c'est un réel plaisir que de savourer pareil travail. Sur "The Feddy", en hommage au P-Funk très emprunté tout au long de l'album, le Talkbox est utilisé avec brio. Puis les sifflets suivent, et les nappes aigues aux claviers. Alors le slap de la basse tonne et résonne avec entrain. Tout simplement délicieux. "Break Me Down" enchaîne et maintient la barre haute puisque les rugissements lourds et massifs au moog introduisent des chœurs animés. On pourrait parler de chaque titre, tellement le vertigineux niveau est maintenu sur l'intégralité (et sans exceptions) de l'album. Pour faire bref, "Big Hempin" ou encore "Tonight's The Night" sont juste sublimes. De véritables hymnes où la qualité, précieuse, s'apprécie avec délectation. Question flow, Mo Green et Joe Duhone sont excellents. En parfaite symbiose, pour ne pas dire osmose, nos deux larrons suivent comme une ombre les réalisations. Phases, accompagnements, ralentissements puis accélérations soudaines, l'élasticité et la complicité de leurs rimes est impeccable. Un point appréciable qui, si négligé, aurait considérablement nuit au bilan final. Une ribambelle de refrains sur la majorité des titres vient accroître encore et encore la finesse et la richesse d'un album unique. Mimi appose d'ailleurs un timbre dignes des standards Funk d'antan. Plus que de simples refrains, ses couplets enjoués enveniment et encensent les productions d'un parfum suave et épicé. Quelques collaborations de bonne augure à constater également, puisque Danny "The Don" et Vincent Vega oeuvrent en salle d'opération aux cotés de nos docteurs du verbe.C'est donc un album parfait pour le style revendiqué. Condensé de Mobb, enrichi par une utilisation acoustique de divers instruments, comment ne pas qualifier l'opus de strict incommensurable classique ? Après dix ans de silence, la clinique rouvre ses portes et pour l'occasion vient ressortir son album. Deux titres bonus ("Front To Back" & "Superfly") viennent s'ajouter aux dix premières réalisations. Bien qu'une décennie se soit écoulée, les deux bombes estampillées 2007 respectent à la perfection l'esprit original. Malheureusement, comme la première édition, cette seconde mouture demeure confidentielle avec un pressage trop limité. Mo Green et Joe Duhone proposent aujourd'hui leur second album (Black Ops) en tant que "Game Clinic", et au vu des extraits, nos deux protagonistes semblent avoir conservé leurs si louables intentions. Affaire à suivre donc...

~ Sharingan Masta ~

Note : 18/20
Disponibilité : Très rare.

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