Money Miles - Dirty Money

Chronique :


Los Angeles brille la nuit. Les lueurs de la ville resplendissent et les feux de signalisation clignotent vivement. Les phares des voitures pressées laissent un rai de lumière douce et orange. La cité, où la chaleur érige luxuriants palmiers, s'endort au coucher du soleil sous les rayons ambre et brûlants. C'est dans ce chaudron bouillant, berceau des rimes collées au Funk, que Money Miles, s'oublie. Pensif, l'esprit absorbé, il compte ses billets. Durement gagné ou apologie de l'argent sale, Money Miles amasse les liasses. C'est donc en 2000, que ce dernier nous arrive de South Central, signé sur Mad Game Records. Bien que la sortie semble locale, le travail se veut très propre. A la production, Dorian "Doe" Johnson, Andre Wilmore et le célèbre Rhythm D se donnent la main, pour des réalisations dans la pure tradition californienne. C'est donc sur onze pistes que notre intéressé se livre au micro, animé par la ferveur remuante des bas quartiers. Notre trio de producteurs nous délivre donc des compositions, inspirées des standards du Funk de jadis. Toutefois, les morceaux sont sensiblement revisités, parfois même déclinés et enrichies des ingrédients actuels pour un résultat explosif. Dorian Johnson nous administre des rythmes très "Bangin" aux influences G-Funk. Détonantes, les cadences ici présentes, séduisent immédiatement. Marlon Williams gratte les cordes de sa basse, en ajoutant des riffs endiablés à la guitare. Les claviers revendiquent la tête d'affiche également, et les nappes parfois tranquilles, puis davantage prononcées, s'accompagnent de sirènes et de sifflets chantants. Bien que principal artiste, Money Miles n'est pas venu seul. La virulente Sho Shot crache ses rimes avec véhémence pour des phases rudes et coupantes. On retrouve également G & Wunder (Kali's Finest) sur le titre "Dirty Money", emprunté à leur second album, pourtant remanié avec style et brio, nous gratifiant d'un titre G-Funk indéniable. K'Soul, Tex, Born2wice, mais aussi Tru-Life s'applique à poser leurs vers avec force et fierté. Bien que tous confèrent une dimension très appréciable, où les flows parfaits se succèdent comme une riffle incessante, le gros atout réside dans la performance exemplaire de Bizzy Bone, échappé des Bone Thugs pour l'occasion, présent sur cinq titres de choix. Son élocution, atypique, accélère, puis chante avec mélodie, s'orchestrant au gré des confections, jonglant avec les mots, s'armant de verbes et de phrases affûtées. Le moog, sauvage, ronfle, ronronne, feule et rugit. L'âme californienne s'élève et la quintessence de Los Angeles transpire. Les refrains sont abondants également. Donica entre beaucoup d'autres, ajustent son timbre sensuel pour entonner ses vocalises, soulignées par les échos au Talkbox grave et appuyé. Bien que court, les pistes de l'album forment un ensemble homogène et concis, gardant un esprit général sur toutes les plages.A mi chemin entre G-Funk et Gangsta Bangin', Money Miles nous octroie une véritable bombe que cet album. Résonnantes, frappantes et puissantes, les productions ciblent en un instant nos aspirations. Le soleil perce au travers les notes de piano et autres roulettes qui agrémentent chaque titre. Authentique vestige d'un Los Angeles aujourd'hui dénaturé, Money Miles et l'écurie "Mad Game" nous rappellent qu'à l'orée du troisième millénaire, les baffles tonnaient toujours aussi fort. Classique des années 2000, sans aucun doute.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Sortie locale assez rare.

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