Glass House - Grey Haze

Chronique :


C'est à Toledo (The Glass City) dans l'Ohio, que nous conduit notre périple aujourd'hui. Connue pour son musée renfermant une collection unique de pièces en verre, Toledo s'illustre également par une scène très prolifique. Après Glass City Playas, Grip ou encore Ghetto Poetry, c'est au tour du collectif Glass House de livrer ses ressentiments. Au bord du lac Erie, les immeubles se hissent vers les cieux immenses. Une brume grise voyage, se déplace, enveloppe notre quatuor insouciant qui partagent un moment de calme et de solitude. Dasit, Kid Swift, Mr. Rite & KD arrivent donc en 1998 sur leur unique album en 1998. Autoproduit et signé sur "Glasshouse Records", c'est un album de pur G-Rap qui nous est donné d'estimer. En effet, le paysage de l'Ohio est vaste et les courants, qui le traversent, sont épars. Toutefois, l'inspiration reste la même. Le Funk, clairsemé de soul, agrémenté de Blues fait office de référence. Ainsi, on assiste à une production riche et éclectique. Les instruments sont nombreux, et on recense les sempiternelles basses et autres guitares galvanisées. Les riffs et slaps de Maurice se succèdent dans une concorde impeccable où le rythme s'affirme avec entrain. Claviers, moog et piano s'unissent avec ferveur. Les influences sont multiples, et on dénote même un soupçon de Jazz parfois où l'orgue entonne son chant gémissant. "Everybody Wants To Be A Playa" nous propose une véritable composition jouée. La production, virtuose, s'envole au gré des notes fragilisées. Glass City Playaz et Ghetto Poetry nous avaient déjà habitués aux ambiances étranges, sombres et tristes où le caractère acoustique se détachait sur chaque piste avec intensité. Glass House remplit cette formalité avec une aisance presque déconcertante. Les atmosphères, pourtant différentes, se relaient avec harmonie et subtilité. Certains morceaux se veulent plus rudes, saupoudrés d'influences Mobb (Flowin' Freely), lorsque d'autres se détachent par leur douceur (Can I Love A Lady). Cela étant, la recherche musicale et acoustique demeure une volonté première qui transpire tout au long de l'album. Les sirènes et autres sifflets lancinants se font graves, chantants puis stridents alternant entre les ambiances disparates qui parsèment l'album. Nos quatre MCs sont très performants dans le verbe. Il est toujours difficile pour un groupe de se relayer proprement, a fortiori lorsque celui comporte plusieurs partisans. Mention spéciale pour Dasit qui nous octroie un flow inhabituel aux rimes tranchantes et aux phases coupantes. Ses comparses ne chôment pas non plus, et amènent leurs lots de ralentissements et autres accélérations. Quelques apparitions du sillon local également. C'est ainsi, que Tweet, Mix, E-Dub et G-Money rejoignent la partie avec feu. La brume grise se dissipe peu à peu. Le toit des bâtiments se dessine doucement et les mornes lueurs du soleil blanc ondoient à la surface du lac tranquille et placide. Glass House nous administre un album intense, aux multiples visages, aux multiples mélodies. On bascule d'une atmosphère à l'autre tout en conservant une saveur locale bien précise. La réalisation est soignée et témoigne d'une authentique recherche acoustique. En conclusion, ce "Grey Haze" est une agréable surprise et s'impose définitivement comme un très bon album dans le style.

~ Sharingan Masta ~

Note : 13,5/20
Disponibilité : Se trouve facilement.

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