Capital Punishment Klik - Ghetto Storiez

Chronique :


Nashville, Tennessee. Loin des guitares sèches, des bottes couturées, des chemises à franges et des chapeaux feutrés, la "Capital Punishment Klik" sabre le champagne, pour nous conter les histoires, relater les chroniques enflammées des bas quartiers. C'est donc en 1996, sur "Blac Katz Entertainment", sous l'égide de Patrick Chadwick et Lytle Allen, que Supreme et DJ Trixx débarquent pour leur premier opus. La scène du Tennessee est caractéristique par une ambiance intense, où la noirceur de l'existence est maintes fois citée. Aux antipodes des littoraux ensoleillés, bordés par les rangées vertes des palmiers qui dansent dans le vent, le premier album que nous conte la Klik est à saluer. Totalement autoproduit pour "G-Style Productions", on navigue dans une atmosphère particulière qui se construit par des réalisations tranquilles et musicales, assistées par des compositions plus obscures, mais toujours forte d'une essence et d'une identité presque palpable. Beaucoup d'instruments sont donc à saluer. La basse et les cordes des nombreuses guitares s'accordent avec harmonie. DJ Trixx est inspiré, et nous propose des confections ajustées, soignées et raffinées. Outre un jeu de claviers toujours étudié avec beaucoup de talents, on retrouve moult sonorités singulières à la scène en question. Ainsi, les quelques cloches viennent teinter et résonner au gré des sirènes qui grincent au rythme des échos stridents. "Pressure" ou "Murda Call" sont des titres phares, quintessence de la griffe si propre aux latitudes de Nashville. Sombre, glauque et malsaines, les productions demeurent subtiles avec un doigté délicat. Jamais bruyante, c'est avec étonnement qu'on se laisse envelopper par cette ambiance oppressante, lourde et pesante. S'inspirant du Funk, mais aussi du Jazz et du Blues, l'association est savante et mélodieuse. Par ailleurs, on dénote une alternative G-Funk, très appréciable qui vient adoucir un ensemble déjà percutant. De ce fait, des titres comme "Day By Day", "Just Stay Real", "Swishertime" ou encore "Ghetto Storiez" sont de véritables hymnes. La production est de grande qualité, au caractère acoustique indéniable. Les sifflets coulent et roucoulent, portés par les riffs pleurant de la pédale Wah-Wah. Mélancolique, animée par une musicalité prenante, on pourrait parler de G-Funk dans l'influence. Les titres se succèdent dans une concorde régulière et continue, et c'est finalement un album homogène qu'il nous est donné de savourer. DJ Trixx et Supreme sont excellents au micro. Leurs flows est appuyés, chantants, puis brisés selon l'esprit des morceaux. Les phases sont multiples, et la diction, articulée, fait mouche. Nos deux compères se relaient à merveille, et c'est un constat édifiant pour ce qui est de la rime. Les chœurs sont satisfaisants également. Tra et Daryl J nous proposent des refrains tendres et fragiles aux chants paisibles, parfaitement plaqués aux compositions. Big Reggie, Lil'J, Nutcase 001 et Chad C posent également quelques vers déchirés aux couplets aiguisés. Les collaborations n'entachent donc rien l'album, au contraire.Finalement, ce "Ghetto Storiez" est un très bon opus. Caractéristique des sorties du Tennessee, Capital Punishment Klik nous administre un album aux facettes diverses. Les courants sombres et rugueux se disputent aux doux parfums des inspirations G-Funk. L'écoute se fait d'une traite, et en relation aux styles proposés, peu de déchets sont à relever. C'est un donc une très bonne mouture. Les adeptes de cette scène seront comblés avec facilité. En ce qui me concerne, c'est un album qui s'apprécie au fil des écoutes, révélant richesse et finesse dans la réalisation.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Assez rare.

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