Slicc - Who Tha Hell Is Slicc

Chronique :


Texas, 1996. Mais qui diantre est Slicc ? Le ciel s'empourpre des nuages indigo où se découpent les reliefs des montagnes au loin. Pen & Pixel à la fête, nous pond un visuel dans la pure tradition où les couleurs, criardes et brillantes, se chevauchent avec harmonie. Une limousine attend sagement. Slicc y entre, puis en ressort, diplômé, costumé et richement accoutré. Que doit on y comprendre ? Un parcours, une quête ou simplement un panel des possibilités ? Les étapes qui diffèrent, où bien les multiples visages que peut nous dévoiler Slicc ? Artiste des quartiers, étudiant chevronné, cadre motivé, ou bien proxénète endimanché ? En réalité, Slicc est tout cela en même temps. Enfant du bitume, acteur de la rime, conscient de sa condition, visionnaire de sa propre existence. Qui est il donc vraiment ? Pas de réponses claires, mais un album fort, avec une signification réelle, palpable et de valeur. C'est donc de son Texas natal, aux inspirations piochées dans le Tennessee, que LaMario Starks nous livre son unique album. En bonne affaire de famille, son père Stanley Starks, assurera la supervision du projet pour "5 Star Express Entertainment". De suffisants moyens sont donc investis pour une sortie plutôt importante. A la production, on retrouve Slicc lui-même aidé de Archie Love et de Albert Perkins pour la composition. C'est un album que j'apprécie tout particulièrement pour le parfum qu'il dégage. On baigne dans une atmosphère imposée par les influences du sud et son histoire. Les tempos saccadés, jamais bruyants, laissent place à une véritable recherche et originalité musicale. D'ailleurs, on remarque une utilisation enjouée et inspirée de chaque instrument. Basse, guitare, claviers, sifflets, et percussions hachées se succèdent et construisent un parcours acoustique convaincant. Une kyrielle d'influences empruntées au Blues, au Funk, mais aussi à la Soul se retrouvent puis se déploient au fil des réalisations. C'est une écoute, dense et éclectique qui nous est proposée. Les ambiances, parfois G-Funk, laissent place aux productions plus sombres, aux accents parfois tranchants. Toutefois, l'ensemble demeure à chaque fois mélodieux et très travaillé. Jamais, nos fragiles tympans n'ont à souffrir des excès hurlants propres au South Crunkesque d'aujourd'hui et c'est donc avec plaisir, que l'on peut apprécier de telles sonorités sans hériter d'une migraine assommante. Bien que le climat soit tout à fait local, les références aux tendances californiennes sont à souligner également. Ainsi, un grand nombre de sirènes vient serpenter et siffler autour des réalisations. Parfois malsaines, puis joyeuses ou festives, on assiste à un véritable bouillon où se mélangent ces sifflets stridents.Des chœurs, abondants, florissants, viennent également nous surprendre lors des maints refrains qui ponctuent chaque réalisation. C'est donc un album prenant et très musical qui ressort alors, avec une richesse à tout niveau, car forte d'un travail impeccable. Slicc se promène d'ailleurs sur les compositions. Son flow vif et soudain, suit et accompagne à merveille le jeu des instruments sollicités. Les phases de son timbre nasillard, rebondissent et ralentissent avec allure. Avec, quelques apparitions de renom (Ghetto Twinz et Kingpin Skinny Pimp pour ne citer qu'eux), l'aspect des rimes n'est aucunement négligé. Les couplets se suivent, et impose un rythme soutenu et de qualité.En définitive, l'album que nous projette Slicc en 1996 est pour moi un classique du Texas. La production est fouillée, composée de multiples artifices, acoustiques ou analogiques. Quinze titres plus ou moins très bons pour la plupart nous exposent un album qui coule avec tranquillité. Visuellement assez beau, le contenu n'est pas en reste non plus. C'est donc un produit complet, réjouissant, sans fioritures, qu'il serait dommage d'ignorer.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Très trouvable.

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