Mac Bonez - Skeletonz In The Closet

Chronique :


En 1995, le Trio Mac Bonez nous arrive de San Francisco. Dans la pure tradition des sorties underground que recèlent les côtes dorées de la Bay, nos trois acolytes débarquent. Envenimé de basses grasses au moog hargneux, cet album n'a absolument rien de G-Funk dans sa volonté musicale. Rugissant, furieux, esprit crasseux des ruelles douteuses californiennes, l'album que nous livre pourtant Mac Bonez est à commenter. C'est donc à San Francisco même aux "ESP Studios", que nos amis se réuniront pour confectionner l'ultime opus du groupe, sous un accent résolument Mobb. L'ambiance est parfois malsaine, énervée et pourtant s'avère propre. Pour ce qui est de la production, on retrouve Mac Bonez eux même pour "Stickboy Productions", Playa T pour "Loon Tune Prods", J-Styles ainsi que Tony Esperance.Les réalisations sont relativement épurées, la production est modeste, et le climat général s'en ressent fortement. Malgré cette carence pécuniaire, les compositions sont travaillées avec justesse, du moins avec adresse. Les instruments se résument majoritairement par une utilisation savante des claviers. Ainsi, le moog, omniprésent, accompagne les frasques contées par notre trio enflammé. Le beat est souvent lourd, le rythme soutenu, la mélodie grasse, massive, dense et appuyée. Mac Bonez n'est pas là pour plaisanter et nous le fait savoir. Les sirènes sifflent, grincent. On alterne entre des morceaux aux compositions minimalistes pour des réalisations plus travaillées à l'esprit tendu. "Elevated Game" donne le ton. Orienté Bay à l'extrême, on est témoin d'un titre foncièrement californien dans sa conception, avec un schéma emprunté au Funk. D'autres morceaux néanmoins se veulent plus chantants. "How It Goes" est surpuissant et se révèle être le titre choc de l'album. Les claviers sont épais, portés par une mélodie lente et résonante. Murray Johnson entonne un refrain de grande valeur, magnifiés par les nuances chaleureuses de sa voix brisée. J-Styles, Katie Becker et Frankie suivront cet exemple pour des chœurs disséminés par la suite. Et même si l'album opte pour une volonté acoustique plutôt sombre, ces quelques chants parviennent à adoucir avec brio le parcours musical que nous propose les Mac Bonez. Concernant la rime, dans la tradition de l'art que nous accoutume la Bay, nos compères s'avèrent très performants. Avec un débit prolixe et une articulation travaillée, les vers se succèdent assortis de phases et autres exercices de style. Quelques collaborations de la scène locale sont à relever également. C'est pourquoi, Jeronimo, E-Buzz, Ted G, Young Sideways, E-Dubb ainsi que Da Grinch s'associent pour nous gratifier de couplets survoltés.C'est donc un bon petit album que ce "Skeletonz In The Closet". Aucunement parfait ni classique, il aurait pu faire l'objet d'une meilleure réalisation si les moyens financiers avaient été plus importants. Malgré cela, le résultat reste honnête avec un ensemble général plutôt efficace dont certains titres plutôt bons. Il serait donc stupide d'ignorer cette mouture. Bien que très éloignée de la G-Funk telle que nous l'entendons, il y a cependant une véritable identité aux travers cette réalisation, qui ciblera davantage les puristes Mobb/Bay. Je doute que les autres soient interpellés.

~ Sharingan Masta ~

Note : 14/20
Disponibilité : Un brin rare.

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