Battlecat - Gumbo Roots

Chronique :


Sharingan et moi-même avons le privilège de vous présenter le premier et unique album à ce jour d'un des producteurs et pilier du mouvement Westcoast j'ai nommé Kevin "DJ Battlecat" Gilliam. Un album dont beaucoup ignorent même l'existence puisque très peu de sites en parlent du fait de sa rareté absolue. Et pourtant, bien qu'il ne soit jamais sorti officiellement (comme beaucoup d'excellents albums qui subissent les décisions des maisons de disques, différents avec les dirigeants, problèmes marketing et autres restructurations de labels) une version promotionnelle existe bel et bien. C'est donc en 1995 sur le label Maverick (Madonna) distribué par Warner Bros que le BC Powda nous livre un album entièrement produit pas ses soins, rappé et chanté par divers artistes qu'il a signé sur son label Lifestyle Records pour la plupart. Etant donné qu'il n'y a pas de livret et d'infos sur l'album, il est difficile de savoir exactement qui sont tous ces artistes. On peut néanmoins reconnaître Rass Kass, Dana Dane (dont le Cat a produit des tracks pour l'album solo la même année sur Maverick également), les L.A. Grinders (Playa Hamm, King Lou -RIP-, Peeps Game , Kay Cavie, Ruff Dogg) pour la version originale de "Reality Check" sans Val Young cette fois-ci. Peut-être Black Czer un membre du Lifestyle Crew également dont l'album fut produit par Battlecat en 1994 (album très sombre au passage) et I Smooth 7 en 1995 (album qui paraissait très bon, le sien a par contre été annulé, seul le single fut commercialisé, dommage). Pour les choeurs, on retrouve Jewell ("Masterplan") et Michel'le ("Out Here" coup de coeur du compère Sharingan) de chez Death Row, leur style est bien reconnaissable, et d'autres chanteurs masculins difficilement reconnaissables mais peut-être présents sur la compilation "Life After Evolution Reality Check" de 1997. Le concept de l'album est donc un peu semblable à celui de "The Chronic" de Dre, à savoir présenter ses artistes sur son label. L'intérêt est bien entendu de pouvoir enfin écouter un album qu'il a entièrement réalisé à la bonne époque de 1995 (après avoir compilé les morceaux qu'il a produit pour les fans comme moi :). Vous me direz, il y a Dazzie Dee "Where's My Receipt" en 1996, certes, mais Gumbo Roots le surclasse, tant il est meilleur avec une réalisation poussée à l'extrême. Honnêtement, j'ignorais vraiment à quoi m'attendre d'un tel album de sa part, surtout en ayant été quelque peu déçu par l'album de Black Czer. Mais je pense que cet opus avait pour direction musicale la voie qu'il a prise, donc non G-funk à la base et dans la conception même. Gumbo Roots n'a heureusement rien à voir avec ce dernier, ici c'est G-Funk à 200%! Les fans savent que le producteur est passé par différents stades au niveau de la production et je dirais qu'à cette période il est déjà au sommet de son art. En effet, bien que le son ait un légèrement changé par la suite, la touche particulière de cette époque est tout simplement magnifique. On y Retouve le talkbox qu'il manie avec perfection et finesse, la guitare, le piano, synthé et autres sons électroniques où tout est interprété avec finesse, précision, les notes sont jouées au bon moment sans qu'il y en ait de trop. La qualité de la production fait que l'on passe sans rupture de style entre les morceaux chantés et rappés. The Cat est un acharné du travail au vu du nombre impressionnant de ses productions jusqu'à aujourd'hui, notamment due à une culture incroyable de la musique noire américaine d'où les influences "P-Funk Jazz Soul" mais aussi imprégnées de rap contemporain qui se ressentent fortement dans l'album. Dès les les premières notes, on sent l'inspiration Pete Rock avec les notes subtiles plaquées au xylophones, un peu dans l'esprit de ce dernier. Bien sûr, d'autres sonorités très familières viennent rappeler l'influence Westcoast. Le premier morceau est rappé par une femme, pour un titre très calme, tranquille dans son acheminement. Il ne m'a pas semblé reconnaître Peeps... Le second morceau commence avec les même notes que celui le précédent, une volonté de l'artiste afin de créer un enchaînement des morceaux dans une cohérence rarement présente dans les productions d'aujourd'hui. Puis La basse arrive et des sons multiples et autres sirènes, s'enchaînent pour l'un des meilleurs hymnes Westcoast qu'il nous ait été donné d'entendre depuis bien longtemps avec au refrain : "Ain't no thang for me to beef is nothing on some funk from C.A.T, represent my hood to the fullest Eastide L.B.C.?" Bref, je pourrais décrire les tracks une par une tellement elles en valent la peine mais ca serait bien trop long. Au niveau des samples, on retouve "Outsanding" de Gap Band sur "Swerve On", "Atomic Dog" de George Clinton sur "Stone Cold Nut", "My Cherie Amor" de Stevie Wonder sur "Blue 64" et sûrement d'autres encore que je n'ai pas reconnu. Bref l'album est une tuerie de A à Z, il s'achève par une dédicace aux pesonnes ayant contribué à l'album sur une composition instrumentale de folie digne du remix de "Let Me Ride" de Dr.Dre, qui commence par un gros Vocoder du Cat. Les fans reconnaîtront certains sons, qui seront utilisés par la suite pour d'autres artistes tel que "Just The Way I Live" qui sera repris par Yo-Yo et Ruff Dogg pour "How Can I Be Down" ou encore "On Top Of The World" Pour Yo-Yo encore sur "Yo-Yo Funk". Beaucoup d'émotions à la première écoute, il vous sera impossible de sauter les pistes, mais juste de pousser le son à fond, de lever les mains en l'air et de danser. Un monument G-Funk, pure Westcoast de Cali, du niveau de DJ Quik Safe + Sound, Tha Dogg Pound Dogg Food, Snoop Dogg Doggystyle, The Twinz, Foesum. Difficile de noter ces albums, mais proches de la perfection, juste des albums à posséder impérativement. Pour finir un blame à Maverick qui a loupé la sortie de l'un des meilleurs albums rap Westcoast de la décennie pour des raisons qui demeurent inconnues, et c'est donc sans surprises que l'ami Sharingan s'associe à mes éloges, pour qualifier cet opus comme pur chef d'oeuvre, parfait et complet sur toute la ligne. Le seul reproche se situe dans sa rareté et sa valeur exhorbitante, mais hormis ce couteux détail, Battlecat nous livre ici un récent mais indétronable classique.

~ Stan ~

Note : 18,5/20
Disponibilité : Introuvable.

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