Dazzie Dee - Where's My Receipt ?

Chronique :


Il est des albums qui respirent la Californie. On peut apercevoir le soleil briller à travers chacune des compositions. Les jantes lustrées des cabriolets reflètent la cime des palmiers verdoyants. Les ficelles des bikinis sont tirées, tendues, prêtes à se rompre. Le bitume fond sous la chaleur qui coule comme une liqueur vendue au carrefour d'un feu rouge où ronfle le moteur énervé des pistons. Là, dans l'habitacle, on peut entendre les baffles, grasses et furieuses, cracher leurs musiques lourdes et épaisses. Los Angeles. Le Funk transpire. Gangsters et jeunes délinquants cohabitent dans une fournaise où brûlent soleil, sexe et drogues. Les calibres sont rangés, prêt à exploser. On tire avec des phrases plaquées sur des réalisations denses et claquantes. C'est ainsi qu'en 1996, sous l'égide de l'excellentissime Battlecat qu'on ne présente plus, Dazzie Dee débarque de Compton sur "Capitol Records", supervisé par Stan Sheppard & Malik Levy, pour un concentré de G-Funk absolue, nous gratifiant d'une réalisation monstrueuse, condensé même de l'essence californienne. Précédent la sortie officielle estampillée "Tha Re-Birth", cette première mouture, uniquement promotionnelle, n'aura donc jamais vu le jour dans le commerce. A l'instar du "Gumbo Roots" de Battlecat et s'inscrivant dans la parfaite continuité de ce dernier, on assiste à un album quasi-parfait, travaillée avec une minutie chirurgicale, faisant incontestablement figure de classique parmi les ultimes. Battlecat, solitaire à la production pour "Lifestyle Prod.", nous octroie des compositions de très grande qualité. Reconnaissable dés la première note, chaque morceau porte sa griffe si personnelle. Le maître s'inspire de maints registres, s'enrichit de chaque diversité acoustique pour recuisiner ces ingrédients selon sa propre sauce. Rejouée à la perfection, chaque piste affiche une quantité inimaginable d'artifices qui, liés entre eux, construisent cette mélodie, toujours harmonieuse. La maîtrise des claviers se situe parmi les plus denses, avec un savoir unique et un doigté hors du commun. Notre virtuose s'amuse à triffouiller ses boutons et autres pitchs, faisant de chacune de ses réalisations un véritable feu d'artifices. Le moog rugit, ronronne puis vrombit. Les nappes tranquilles au piano apaisent la mélodie où les quelques riffs de guitares s'entremêlent aux slaps de la basse. Les sirènes, plus nombreuses que jamais varient dans les aigues puis montent dans les graves, se chevauchent et se bousculent, tressées autour du rythme toujours entraînant. Régulier, cohérent et homogène, pas une track ne déçoit, parvenant presque à supplanter la précédente. Battlecat est un orfèvre et sa précision n'a d'égale que son talent. C'est pourquoi, rien n'est laissé au hasard. Les instruments analogiques et acoustiques se fondent et se confondent dans une unité stupéfiante. Dazzie Dee et sa diction inhabituelle n'est pas en reste non plus. Notre MC dépose ses rimes avec conviction, découpant ses phrases de façon étonnante, lors de discours hachés et saccadés. La symbiose entre musique et paroles est magique, construite dans une alchimie parfaite. Une kyrielle de refrains vient égayer chaque morceau, respectant la volonté G-Funk du producteur. On retrouve donc un éventail imposant de refrains disséminés tout au long de l'écoute. Ice Cube, K-Dee ou encore Coolio viennent soutenir l'ami Dazzie lors de couplets anthologiques.Le constat frise la perfection. C'est un album hommage, semblable au solo de Batllecat, sonnant comme une célébration à la Californie. Tous les ingrédients qui ravissent les puristes G-Funk sont accumulés dans cet opus et explosent à chaque écoute. Pas une piste à jeter, on enchaîne les morceaux avec un plaisir rare et immodéré. Bien sûr cet album sera réédité par la suite de manière officielle dans le chapitre « Re-Birth » mais amputé de la plupart de ses hymnes. A mes yeux, il n'y a qu'un seul album de Dazzie Dee et c'est celui là. Le bémol est que la sortie ne fut que promotionnelle.

~ Sharingan Masta ~

Note : 18/20
Disponibilité : Très rare, 350$ aux enchères en moyenne.

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