Blakfist - In A Moments Time : 7 Yearz, 7 Dayz - Tribulation

Chronique :

Dexter Jerome Hallman-Sneed alias Askari Hodari et désormais connu sous le nom de Blakfist naît en 1970 à Shreveport en Louisiane. C'est au cours des années 80 que ce dernier migre sur la côte ouest à South Central. Un poing noir, serré avec rage, dur et plein de rancœur, tient sa colère. La condition d'un jeune noir aux Etats Unis comporte son lot d'obstacles, de désillusions et de douleurs. C'est pourquoi, après avoir embrassé les cieux, Blakfist trouve sa voie dans la musique, où peines, tourments sont épanchées. C'est donc armé de rimes militantes et consciencieuses que Blakfist s'avance sur son deuxième album en 2006. Le premier opus (Vengenz Iz Mine) loin d'être parfait, ouvrait les portes à un deuxième album qui s'avérerait excellent. En effet, pour aller droit au but, Blakfist nous livre en 2006 un véritable album G-Funk où la musicalité nous ramène dix années en arrière, nous replongeant au cœur d'une Californie inondée de Soleil. Car c'est une surprise totale que cette mouture estampillée 2006. Tous les ingrédients qui séduisent nos oreilles et font frissonner nos échines, se retrouvent alors mélangés, orchestrés et sublimés avec brio tout au long de l'écoute. C'est donc sur "Uprizz Records" que Blakfist frappe de toute sa verve. Deux producteurs se partagent les commandes et c'est avec une adresse singulière que leurs talents se confondent sur l'album. Ainsi, Jett Black pour "Game On Lock Productions" et Charlie B pour "Tantrum Entertainment" se livrent corps et âmes sur la dizaine de réalisations qui composent ce volume. On reprochera toutefois un trop grand nombre d'interviews qui ponctuent ce parcours trop fréquemment, mais outre ce léger détail, le travail démontré est d'une qualité et d'un niveau, à mon sens, remarquable. Les compositions, riches et d'une limpidité rare, se revendiquent G-Funk et rien d'autre. D'ailleurs, les références de nos producteurs inspirés, viennent piocher au cœur de standards de la musique noire. Parliament, The Isley Bros, Luther Vandross mais aussi Marvin Gaye sont empruntés mais jamais massacrés. Tout y est rejoué, décliné avec beaucoup de subtilité et de nouveautés. Rien n'est fait avec facilité et l'ensemble propose une originalité évidente. En 2006, l'authenticité instrumentale n'est plus en vogue, au détriment d'une recherche et d'une grâce acoustique oubliée. Les artifices électroniques ont infesté nos ondes, chassant avec brutalité, douceurs et mélodies. Pourtant, quelques irréductibles subsistent et croient en une musique jouée, composée et sciemment étudiée. C'est pourquoi, basses, guitares, pianos et percussions se chevauchent avec délicatesse dans ce mélange harmonieux. Il ne servirait à rien de décrire tel ou tel morceau, tant la qualité est au rendez-vous sur chaque piste. De vrais hymnes où rayonne un soleil joyeux qui transpire sur chaque réalisation. Les sirènes et les sifflets sont abondants et soutiennent les nappes tranquilles délivrées par de calmes claviers. C'est donc un album homogène, régulier qui coule tout seul comme un ruisseau délicat. Blakfist nous affiche un flow impeccable, aux intonations fortes mais jamais assourdissantes. Quelques phases sont présentes, et sa diction, bien que classique, épouse avec perfection des productions de grande valeur. Une multitude de refrains soyeux et mélodieux vient caresser les strophes affûtées de notre compère Blakfist. Dans une ambiance strictement G-Funk, les voix tendres et sucrées accompagnent sirènes et verbes avec candeur. Shelly R, 99ine et Ann C s'unissent donc pour de somptueux chœurs, éparpillés sur l'opus comme une pluie fine et réconfortante. Ms Lolo, Famin, JC, Uneye et Bamm Boog sont également de la partie, animés par de tranchants couplets en soutien aux phrases de l'artiste.En résumé, Blakfist nous administre l'une des meilleures sorties pour l'année 2006. Pour son deuxième album, c'est un coup de maître, où refrains et instruments s'élèvent au firmament. Une mouture intense, aux textes réfléchies, qui envoûtent dés les premiers instants et impose Blakfist parmi les derniers représentants du G-Funk. Indispensable.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20

Disponibilité : Rare.