Swolts - Forever, Tha World

Chronique :


Certains albums sont de vrais trésors. Ils renferment des titres incroyables, d'une finesse et d'une richesse rare. Ces bijoux scintillent et leurs lumières jaillissent sur l'intégralité d'une écoute extraordinaire. Le deuxième volume que nous écrit Swolts en 1998 sur "Dark Water Entertainment" pour "Hard Life Productions" s'inscrit parmi ce registre. Véritable merveille, c'est un album à couper le souffle tant le travail ici démontré est une authentique leçon acoustique. Après un premier album en 1996 qui laissait entrevoir les prémices d'un talent monstre, c'est deux années plus tard que la maturité fait de ce second chapitre une consécration. Ivory Cox, de son vrai nom, nous vient donc de Chicago dans l'Illinois. C'est un album de musiciens où les arômes se chevauchent, se frôlent et se caressent dans un tourbillon de saveurs et de délices. Eddie "C" Caldwell et Christopher M. Ross se posent en tête du projet. Enregistré au "Hinge Studios" et "Paradise Studios", la production se construit autour maints intervenants. Eddie C, Floyd Hamberlain et Brian "Daddy Buzz" Patterson se partagent donc la tête d'affiche et les claviers. Maceo Fowler et Phil Seed font pleurer leurs guitares alors que Kennery Smith et Tony "PT" Maltbia entrechoquent leurs accords à la basse. Dick Fowler, quant à lui, fait gronder le moog et rugir les baffles avec intensité. Pour le peu que je me souvienne, aucun album ne propose un panel de cordes aussi étoffé. A ce stade, c'est un véritable festival où chaque piste s'accompagne de riffs divers. Mélancoliques, joyeuses, excitées ou bien apaisées, les cordent sonnent à l'unisson dans une harmonie émouvante. Les instruments, véritables acteurs de l'album, se manifestent ouvertement au même titre que l'artiste. Les réalisations se suivent sans se ressembler, abordant des sujets et des thèmes différents. Swolts nous livre donc un album unique au parfum sensible et fragile. G-Funk par accents, c'est pourtant une essence différente qui émane alors. Et bien que la plupart des titres s'emparent de standards usés et délavés (SOS Band, Sade...etc..), les nombreux musiciens qui orchestrent l'album, rejouent, revisitent, déclinent et s'approprient chacune des compositions. Tout se construit et s'empile avec harmonie. Les sirènes se déposent avec douceur, puis les nappes aux claviers retentissent, portées par les plaintes gémissantes des guitares saturées. Plusieurs atmosphères se détachent alors. Certains titres enjoués et festifs rayonnent littéralement. "How Do You View You", "Beyond The Starz" ou encore "Eddie C Don't Stop" affiche une musicalité décapante, où instruments et strophes s'élèvent au firmament. Toutefois, l'écoute prend sa dimension la plus intense dans la tristesse et la mélancolie qu'exposent certaines pistes. "Price Of Promises", "Time Keep Slippin" mais surtout l'envoûtante "Don't Cry Alone" nous transportent dans les limbes de la douceur, aux frontières gracieuses et délicates. L'album ne comporte aucun déchet et les titres phares se succèdent inlassablement pour s'achever sur une note des plus graciles. "Jacob's Ladder" et sa version instrumentale viennent clore un album avec un doigté et une délicatesse inédite. Swolts est un MC au flow très spécial. Pour des productions atypiques, sa diction va de paire. Ses phrases, saccadées, hachées peuvent surprendre de prime abord, mais témoignent d'une technique surprenante. Un grain brisé qui suit les réalisations avec une élasticité et résonne comme une complainte. A chaque piste son refrain. C'est pourquoi un éventail impressionnant de chœurs et autres chants délicieux sublime alors l'écoute. Yvonne Gage, Lori Moore, Martel, Stan Mosley et Big "Thom" Harris délivrent ainsi leurs souffles chantants comme de ténus voiles de soie. Swolts nous administre un album parfait. Aux confins de la musique et sa volonté acoustique, les productions, pourtant singulières, étalent une élégance et un éclat hors normes. La cascade des instruments s'abat comme un torrent somptueux où beauté et grâce se confondent. Diamant du Midwest, c'est donc un incommensurable classique qui nous explose aujourd'hui aux oreilles. Indispensable.

~ Sharingan Masta ~

Note : 18/20
Disponibilité : Ultra rare.

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