Scrooge - Ride Wit Me

Chronique :


Six années se sont écoulées. Six longues années où Scrooge n'a pas chômé. Maturité acquise, l'artiste s'est affiné, son identité s'est dessinée avec davantage de netteté. Pour son premier album, Scrooge se présentait comme la relève d'un registre G-Funk, qu'on croyait révolu. Pourtant issu de Tacoma dans l'état de Washington, sa musique reflétait les rayons d'un soleil scintillant. Avec un style calme et un caractère acoustique fort, ce premier opus visait juste. C'est donc avec un immense plaisir que Scrooge remet le couvert en 2007 et reste fidèle à ses inspirations d'antan en nous proposant donc ce deuxième volume, à contre-courant des sorties actuelles. Courageuse ligne de conduite quand on sait les mouvances qui agitent nos ondes saturées. Mais qu'à cela ne tienne, Scrooge y croît fermement, et c'est donc avec passion que ce deuxième chapitre voit le jour. En artiste accompli, Scrooge se finance lui-même et assure la production du projet sur "Chocolate City Entertainment". A la réalisation comme à l'écriture, on peut aisément parler de polyvalence artistique. Devant son Impala où la carrosserie brillante affiche un grenat des plus éclatants, notre compère, éclairé par un soleil qu'on devine radieux, pose avec fierté. Les cheveux aux vents, la nuque posée sur le cuir usé des fauteuils à scruter les cieux immenses, Scrooge nous invite sur l'asphalte. C'est donc tout naturellement que débute le voyage. Dés les premiers instants, la recherche acoustique nous frappe comme un joyeux souvenir. La basse tonne quand les riffs concis à la guitare s'enchaînent avec douceur. Alors, un sifflet chantant accompagne des chœurs soyeux. Le ton est donné, nous voilà à rouler. Des tempos lents et appuyés, soutenus par de délicates nappes aux claviers subtils, nous accompagnent dans notre périple. L'écoute, très homogène, recense donc une multitude d'instruments véritables. Alors que son premier album péchait peut être par une diversité instrumentale limitée, cette seconde mouture corrige ces lacunes anciennes. Aujourd'hui, Scrooge nous délivre un chapitre soigné avec patience, recherché et grandement travaillé. L'ambiance est G-Funk sans sa globalité. Et malgré un nombre conséquent de morceaux, Scrooge parvient à proposer un parcours qui ne lasse pas. Les plages se suivent à la perfection, et on alterne entre titres festifs et entraînants pour des réalisations calmes et apaisées. Certaines pistes, se veulent mêmes plus sombres, aux accents Mobb. Question flow, Scrooge reste fidèle à son phrasé moelleux qui rebondit sur les rugissements nuancés au moog qui l'accompagne. Très playalistique dans le verbe comme dans l'intonation, son timbre n'est pas sans nous rappeler celui de Snoop Dogg, des années auparavant. Les compositions épousent donc à merveille ce flow caractéristique, qui cible nos tympans efficacement. Peu d'apparitions, si ce n'est E-Mail et Broadway Slim qui se produisent avec parcimonie sur l'album. Toutefois, la présence sulfureuse de LaKesha Edwards, sa protégée (Un album serait en préparation), assurant la majorité des parties chantées, et même quelques chansons dans leurs intégralité, accroît cette dimension acoustique particulièrement satinée. En effet, le grain de sa voix voluptueuse aux teintes sucrées, enrobent chacune des compositions d'un voile léger et délicat. C'est bien de G-Funk, qu'il s'agit. Scrooge n'a pas lésiné sur les effets, les fragiles notes résonnent au piano, lorsque les chœurs s'élèvent et retentissent avec grâce au rythme du slap.Le second opus que propulse Scrooge en cette surprenante année 2007 nous ferait presque mentir. Qui a dit que la G-Funk était morte ? Un album qui nous démontre que de tels artistes existent encore et vivent sous un soleil qui les inspire. Loin des pollutions sonores que sont le Crunk ou le Hyphy, Scrooge impose définitivement sa grande silhouette dans un registre où musicalité, finesse et recherche sont revendiquée. Un grand bravo donc. On espère que ses futurs albums continueront la lutte avec autant d'intégrité.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Très trouvable.

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