B.I.G.T.I.M.E. - Married To The Game

Chronique :


Posant fièrement comme un Mac, B.I.G.T.I.M.E. se la raconte sévère dans son costard blanc immaculé. La grosse tire en retrait, au pied d'un monument très européen, ses souliers sont cirés et sa Rolex étincelante. Notre lascar aime le style playyalistic. Comme tout proxénète qui se respecte, la panoplie du flambeur est donc réunie pour mieux briller. Il faut dire que côté visuel, on ne fait pas dans la dentelle. Front, back, inserts en mettent pleins les mirettes. Toujours bien sapé, le chapeau melon comme seul dicton, notre playboy se lance en 2001 sur le label Sicside Entertainement Group, confessant ses travers d'une existence toujours régie par les mêmes thèmes sempiternels. Une enfance miséreuse, terrée dans les ghettos de San Francisco, éblouie par les "Scarface" et autres "Godfather", construit fatalement les rêves (américains) de notre bonhomme. On parle donc des putes ficelées, de meurtres, des séjours en tôle pour de menus larcins, de rêves soi-disant brisés, de fume et d'alcool consommé sans modération. On aime rider, se la couler douce, roussir sous le soleil acharné. Bref, le voyage en compagnie de notre artiste, bien que dramatiquement classique, s'annonce intéressant. Pour ma part ; la galette en question n'est pas une bombe comme on pourrait le penser de prime abord, suite a l'excitation que nous procure la jaquette, qui n'est pas sans rappeler le grain très courtisé des studios Phunky Phat Graph-X. Et oui, c'est bien dommage mais B.I.G.T.I.M.E fait partie des lascars qui ont en quelque sorte, loupé le coche. Nul doute que si l'album était sorti 5 ans auparavant, on aurait assisté sans mal à une petite boucherie bien fumante. Bon ce n'est pas le cas, mais ne nous arrêtons pas là pour autant, car c'est bourré de bonnes intentions que notre player balances ses rimes acerbes. Beaucoup de producteurs sont présents sur l'album et c'est un peu le défaut majeur du concept. Plusieurs ambiances donc et c'est pas forcément très homogène. Ca manque aussi cruellement de consistance sur certains titres, et on s'énerverait presque d'un tel gâchis par moments. Eric Strong, Carlos Grossman, Le Richard Thompson et C. Boykin, se partagent donc la production, usant d'un nombre d'instruments plutôt honorable. Guitare, basse, piano et autres claviers s'assemblent dans une même idée. Malheureusement (encore une fois), ce n'est pas assez poussé. Nos fainéants producteurs se contentent par moments du strict minimum. Là où on aurait pu atteindre des sommets, on se console par des mélodies bien trop médiocres. S'ajoutent à cela quelques influences dégueulasses des courants musicaux actuels, qui vomissent sur la qualité de l'album. Toutefois, certains morceaux sauvent la mise. Le bon son gras et Mobb que seule la Bay sait nous chier, refait son apparition. Avec un clap claquant et un moog énervé, on parvient, non sans peine, a piquer notre intérêt, jusque là endormi. 16 tracks, dont seulement la moitié arrive à me convaincre. Le reste étant trop mauvais à mon goût. Question flow, B.I.G.T.I.M.E évolue assez facilement sur les titres. Mais (et oui il y a toujours un "mais") notre playyer change parfois sa diction du tout au tout, pour sombrer dans des hurlements féroces et bruyants. On ne comprend pas trop ce qui lui passe par la caboche dans ces moments là, mais la conséquence immédiate est alors de zapper, sans vergogne, de plages, afin de faire taire ses vociférations et ainsi apaiser nos tympans meurtris. Bon tout n'est pas à jeter et les chœurs de. E.Williams, Shanae, Muki et Lil Jimmy, adoucissent légèrement ce boucan. On retrouve également quelques featurings, n'amenant pas grand-chose, mais bon, comme ils ont fait l'effort de pointer leurs fesses sur quelques morceaux, il serait indécent de ne pas le mentionner. P.A.P.E.R., Tayla Made, Anti aka Word, Chocolate City, Len Dogg et Seldom Seen, se la ramènent donc, couplets sous le bras.Bon, comment conclure, tout en restant objectif ? Bien que marié au J.E.U., notre artiste endimanché, aurait pu mieux faire, beaucoup mieux faire même. Avec des capacités indéniables, il aurait fallu davantage bosser le concept. Pas assez régulier, certains passages tapent littéralement sur le système. Sorti bien trop tard à mes yeux, c'est un album moyen, tout juste passable qui ressort donc. Fort heureusement, l'ensemble est très beau, sans ça, c'était directement à la poubelle que l'opus de B.I.G.T.I.M.E aurait échoué. Enfin quelques bonnes idées toutefois font que ne pas pencher l'oreille sur cette sortie serait idiot. Après, les avis seront certainement mitigés. Je vous laisse donc juger.

~ Phunk-A-Tear ~

Note : 14/20
Disponibilité : Devrait pouvoir se trouver sans trop de difficultés.

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