Uno Da Playa & Sporty Long - All In The Game
Tout pour le jeu, tout pour la frime, tout pour la rime. C'est au cœur du comté de Davidson, au centre de l'état du Tennessee, qu'Uno Da Playa (C.Campbell) et son compère Sporty Long (S.Jones) nous arrivent de Nashville, célèbre pour sa culture Country. C'est pourtant d'un courant diamétralement opposé que se présentent nos artistes aujourd'hui. Tenue correcte exigée, la panoplie du maquereau fraîchement enrichi et fièrement exhibée. La cravate est serrée avec appoint, les bagues brillent de leur plus bel éclat, le visuel ne trompe pas. La musique, on l'espère acoustique, sera alors playalistique. C'est donc entre deux parties de billards que Uno et Sporty, chapeau melon vissés sur le crâne, enregistrent alors ce premier album en 1996 aux studios "Music Genesis" et "Dixie Dogg". Signé sur "Think Wizze Records", Casey Campbell le player, conduira alors cette réalisation. A là production, on retrouve donc plusieurs visages. DAYZ, Swift, Chris Oatneal & DJ Dev s'associent donc le temps d'une écoute, nous gratifiant de compositions riches et travaillées. L'esprit commun de l'album pourrait se traduire entre deux portions bien distinctes, qui pourtant s'entrelacent avec justesse. C'est ainsi, que fidèle au style sombre et appuyé, parfois brutal des influences du Tennessee, certains titres ressortent comme tels. "South Side Killa" par exemple dénonce les différents entre gangs rivaux, le tout basé sur le vécu de nos artistes. L'ambiance est noire et pessimiste, transpirant des parfums du Sud crasseux et corrompu. « Bitches Got Game » est une symphonie crapuleuse et agressive. Rarement conquis par ce registre, je dois reconnaître la finesse d'un tel savoir faire. Les rimes, hachées sont tranchantes, cassantes et absolues. Le moog, en demi-teinte, ronronne prudemment et quelques notes malsaines au piano se plaquent sur les phrases brisées de nos lyricistes. Mica B y est incroyable et déchaînée, son flow est magnifique et colérique. Les vers sont coupants, pointus et salis. S'ajoute à cela, le grincement lancinant d'une sirène stridulante et plaignante. Malgré cette facette abrupte et revêche, la production nous gratifie de réalisations tranquilles et mélodieuses. Empruntant aux standards des illustres Isley Brothers ou O'Jays, chaque élaboration instrumentale est rejouée et enrichie. Basse, guitare et nombreux claviers se disputent ainsi la vedette avec justesse. En effet, "All In The Game", "Owe Ya Nuttin" ou bien "Buzz On" ressortent comme des morceaux légers, inspirés de Soul, où la mélodie se veut étudiée, agréable et diffuse. Treize titres dont une introduction et une version "Radio" construisent cet album, court mais poli avec soin et dextérité. Plongé dans une atmosphère régulière et continue, nos deux artistes nous prouvent leurs talents respectifs. Concernant la rime, le flow de nos MCs est excellent à mes yeux. Empreints de l'accent régional, fort d'une articulation impeccable, l'élocution de nos artistes est convaincante. Les phases sont nombreuses et on découvre un jeu de ralentissements et autres exercices d'élasticité labiale, plutôt impressionnant. Les apparitions sont à saluer. De ce fait, L.O.W.C., Ken-C, T-Trouble, Pistol, Capone et l'abrasive Mica B se relaient avec entrain. Les refrains sont présents également, adoucissant la composition avec charme et élégance. Boogie et Laney Jordan, spécialement, en sont la concrétisation, nous administrant des chœurs de grande valeur.Donnant tout pour le milieu, jouant leurs plus belles cartes dans le jeu, cruel mais généreux, Uno et son acolyte Sporty nous gratifie d'un très bon album, qui pourrait bien faire office de classique. Il ciblera les grands amateurs de la scène de Memphis, et contentera les G-Funkers. Avec une identité propre et des productions léchées, puis affinées avec minutie, c'est une excellente mouture que nous dévoile le tandem en question. C'est donc assurément un album à posséder.
~ Sharingan Masta ~
Note : 17/20
Disponibilité : Avoisine les 40-50$.
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