Scoota Thomas - My Turn

Chronique :


C'est en 1998 que Scoota Thomas crève l'écran. A Phoenix, en Arizona, la chaleur cuit les roches édentées des massifs orange qui se découpent à l'horizon. Les brumes poussiéreuses agitées par le vent brûlant, balaient sans cesse le sol craquelé des routes goudronnées. Un climat propice à de festives intentions où la musicalité s'accouple aux talents des jeunes et anonymes artistes. Vontel, Mr. Iroc, Bookie ou encore récemment Oppazet ont su propulser Phoenix au sommet. La G-Funk comme seule muse, l'Arizona s'annonce désormais comme une référence en la matière, savoureuse alternative aux latitudes de l'ouest. Suivant les sentiers des aînés, Scoota Thomas nous arrive donc sur son premier EP. C'est avec l'appui de Willie R. Hendrix Jr. que Scoota enregistre alors sur "Dirty Dawg Recordz". Bien que finalement très bref, on assiste à un opus de très bonne facture ou la succession des plages se fait avec beaucoup d'aisance. A la production, Michael A. Muhammaed officie intégralement.Six morceaux construisent alors ce premier essai de notre ami Scoota. Hormis la dernière piste, sur laquelle nous reviendrons, les autres cinq morceaux remplissent leurs objectifs en proposant une musique riche et travaillée. En effet, on retrouve comme d'habitude une quantité appréciable d'instruments authentiques. La basse et les claviers enjoués sont de la partie pour notre plus grand plaisir. D'ailleurs, on constate le moog omniprésent tout au long de l'écoute. Ses rugissements et autres ronflements rythment chaque piste avec beaucoup de cadence. Dans une atmosphère G-Funk prononcée, l'identité très marquée du producteur se ressent fermement pour un esprit singulier et peu banal. "Dayz I Live" est un petit bijou. La ligne épaisse et grave au moog nous berce tranquillement alors que les nappes mélodieuses se plaquent avec subtilité pour un titre éloquent. "Hoetalez" suit la même logique avec une recherche acoustique évidente ou les cordes résonnent avec limpidité. Puis le tempo commence et le jeu des claviers s'ajoute avec finesse. "Manchase" et son harmonie mélancolique au piano affiche un morceau délicat et entraînant. "Deadly-N-Raw" quand à lui propose un visage plus sombre, qui pourtant revendique un savoir-faire convaincant, bourrés d'artifices séduisants. En définitive, tous les titres sont bons si on oublie le dernier titre qui clôt l'album de bien piètre façon. Sans pour autant être inécoutable, la dernière plage (My Turn) peine difficilement. Son inspiration, bien trop épurée, et son minimalisme imposent un morceau fade et sans saveur. Scoota Thomas avance un flow plaisant et sans bavures qui colle parfaitement aux diverses réalisations. Sa rime, claire et articulée se dépose avec douceur sur des compositions qui suivent sa diction. Quelques phases sont à relever également pour un phrasé définitivement exercé. Sortie confidentielle et peu coûteuse, aucune collaboration n'est à constater, et c'est donc seul que Scoota mène sa barque sur les quelques plages qui nous sont exposées.Au tour de Scoota Thomas de briller. Sa partie ne compte pas pour du beurre, et c'est pourquoi notre compère se livre entièrement sur cette mouture. Les morceaux avancés se révèlent donc pertinents. Dans une ambiance résolument G-Funk, on perçoit l'ampleur du travail de composition. Bien sûr, on reprochera la durée considérablement courte de l'opus et la dernière piste qui achève l'album sur une fausse note. Toutefois, Scoota Thomas marque son empreinte avec un petit album fort appréciable et on en redemande.

~ Sharingan Masta ~

Note : 16,5/20
Disponibilté : Sortie locale ultra rare.

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