Realite - Realite
C'est sous l'objectif avisé de Keba Konte, célèbre pour ses innombrables clichés immortalisant la crème de la scène underground, que Realite nous toise d'un regard oblique et prudent. Ainsi, au sein même du Minnesota, dans l'agglomération de Minneapolis (La ville de l'eau), Realite nous propose son unique album en cette fertile année 1996. C'est donc aux portes du Canada, à l'ouest des grands lacs, dans le nord sauvage et esseulé, que notre rappeur apporte sa pierre à l'édifice, nous déléguant une musique fortement inspirée, empreinte d'une connexion avec l'ouest, dés lors, évidente.C'est aux fameux studios d'élaboration esthétique "Phunky Phat Graph-X", que nous devons la conception d'une jaquette relativement somptueuse. C'est pourquoi, sur le label "Epitome", et produit intégralement par Big Rick, notre MC averti se confesse sur des productions de grande qualité, où la mélodie se hisse au firmament d'un groove calqué sur le Funk. C'est alors sur quatorze titres d'une homogénéité rare, que Realite appose ses rimes, sur des réalisations fignolées avec soin. On assiste donc à une atmosphère très acoustique avec une utilisation juste et efficace d'une myriade d'instruments authentiques, qui ajoutent, de manière assurée, une dimension valorisante. L'utilisation des claviers se fait tout en douceur, et ne vient jamais alourdir la composition. Le moog est habilement employé et la basse accentue par moments un rythme calibré en slappant légèrement. Les riffs de guitare sont nombreux, et on constate un réel savoir-faire musical. Tout s'orchestre avec éloquence dans une harmonie absolue. Sans fausses notes, où la mesure est souveraine, les productions sont simplement admirables. Maintes sirènes viennent également s'entortiller autour de réalisations déjà très généreuses et le piano, fragile et délicat, s'élève avec grâce parmi un esprit délibérément G-Funk. De ce fait, certains morceaux (The Weed, Straight G, Bangin & Slangin...) sont de véritables perles, où tous les ingrédients qui font notre bonheur, sont réunis et concentrés dans une recette idéalisée et ajustée. Relativement au flow de notre compère, je ne le trouve néanmoins pas fantastique. Disons que son phrasé, tout juste en accord selon le rythme dicté, demeure très académique. Peu de phases ou d'exercices de styles, et j'avoue ne pas être conquis par ce timbre, très proche de celui de Yukmouth des Luniz que j'affectionne peu. Cependant, je reste sévère et cela n'entache en rien l'écoute de haute voltige, que nous propose Realite. On peut également souligner la présence très importante de chœurs variés et choisis. En effet, Carlton, Valisha ou encore Karlsten, se succèdent et s'entraident, mêlant leurs chants ouatés dans des refrains de belle facture. Quelques collaborations sont également à signaler. Ainsi, Big Chuck, Lil Chuck et Big Rick épaulent avec parcimonie notre MC, lors de rimes sciemment étudiées.En définitive, c'est sans conteste un autre classique qu'il nous est donné d'apprécier aujourd'hui. Aux saveurs piochées sous des latitudes éparses et diverses, l'album éponyme de Realite s'impose avec aisance dans un paysage toujours plus vaste. Il fait partie de ces albums qui réunissent tant de qualités, qu'ils resteront à travers les années, relique d'un temps expiré.
~ Sharingan Masta ~
Note : 17/20
Disponibilité : N'excède les 20$.
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