Mr. Mr. Rell - Playaphernalia

Chronique :


C'est en chemise léopard assortie à ses souliers vernis que Mr. Rell pose avec allure. Au milieu d'un salon inspiré des appartements de Versailles, c'est pourtant au cœur du Mississippi que notre fringuant compère débarque. La montre étincelante, les diamants brillent d'un blanc immaculé. Mr. Mr. Rell s'affiche de ses plus beaux apparats, pimpant au possible, la barbe taillée, quelques sourcils épilés. Avec une telle esthétique, d'un mauvais goût presque ostentatoire, la couleur est annoncée sans détours. Le titre "Playaphernalia", très évocateur, laisse donc présager un contenu de choix, animé par un caractère playalistique évident. C'est donc autoproduit par lui-même, pour son label érigé pour l'occasion (Lac Sac Records) que notre éminent artiste se livre corps, âme et joncaille sur une quinzaine de morceaux soigneusement choisis. La production sera magistralement confiée au doigté subtil de Freddie Young pour "Fly Productions". Mic Collins pour "G'N Me Productions" apportera également sa contribution sur quelques titres de bonne facture. La sortie pourtant locale se révèle être d'un niveau supérieur. La dimension est acoustique où les mélodies, tranquilles se suivent avec calme et fraîcheur. Alors que Mic Collins nous délivre des compositions plus rudes ("Game" ou encore "Give Them Girls") et révélatrices du climat local où le tempo, parfois saccadé, accompagne un débit de rimes accéléré, Freddie Young, quant à lui, nous surprend par des réalisations riches et étudiées. Une liste instrumentale assez imposante est à souligner. Les insatiables basses et autres guitares se relaient avec douceur. On dénote un jeu de claviers calme, apaisé par le ronronnement docile du moog qui soupire avec sérénité. Les plages s'enchaînent dans une atmosphère paisible et délicate. On pourrait à coup sûr qualifier cette recherche musicale comme G-Funk, mais c'est pourtant d'un autre registre dont il s'agit. Les sifflets, lointains se fondent dans le tumulte harmonieux qui se dégage. Beaucoup de percussions également, rythment avec grâce ce parcours délicieux. On comprend dés lors l'adresse de chaque réalisation, menée avec talent par nos producteurs transportés. "Dubz", "My Heart", "Pretty Ladies", "Slow Down" ou encore "Understanding" n'en finissent pas d'étonner par leur qualité. Un véritable travail de composition nous est proposé où les riffs pleurants et électrisés des guitares saturées, fredonnent légèrement. Pour affirmer cet aspect chantant, un grand nombre de refrains ont été disséminés avec brio sur l'ensemble de l'album, pour ne pas dire toutes les pistes. Katrinia Jefferson, Rachel Thomas, Ron Roc, Reginald, Mangum, Earsley Young, Donnie & Chris Thomas, Tanisha, Dave, Imfa Redd, Lil Jimmy ou bien Josh unissent donc leurs timbres lors de choeurs veloutés. Un nombre impressionnant de chanteurs s'associent donc pour diffuser la candeur de leurs vocalises. Mr. Mr. Rell nous propose un flow savoureux aux phases appuyées, classiques mais néanmoins efficaces. Il se ballade littéralement sur les productions, suivant comme une ombre les rythmes distillés avec justesse. Quelques apparitions viennent enrichir quelques titres également. De ce fait, Prince Tye, Bel Air, Kage, Lil Marcus et Mr. Jones apposent quelques versets endiablés aux côtés du monsieur.L'unique album dont nous gratifie donc Mr. Mr. Rell est à mes yeux un classique du Mississippi. La production es t de choix, et affiche tous les ingrédients que j'affectionne. Les instruments, nombreux, sont joués de façon authentique et avisée. Tout se mélange dans une harmonie nette et sans bavures. Ces sonorités se font rares, c'est pourquoi c'est un album qui mérite notre attention, tant la saveur et le parfum s'avèrent précieux.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Très rare.

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