Kaos - Hustlers Convention

Chronique :


A Minneapolis, dans le Minnesota, se tient la convention des hustlers en 1998. La cime effilée des bâtiments se hisse vers les cieux pourpres éclairés par les feux scintillants de la ville. Bienséance oblige, costume sombre et chapeau melon sont de mises. En partisan averti, Kaos ne déroge pas à la règle, et c'est élégamment coiffé, un lourd collier exhibé, que sort son album. Signé sur "DiBomb Records", sous l'égide de Buff Star, on assiste une fois encore à une sortie locale d'excellente facture. Les accents G-Funk et Mobb se disputeront la vedette tout au long d'une écoute régulière et homogène. Quatorze plages nous sont donc proposées, aux influences diverses et aux volontés différentes. La production est l'œuvre de Darnell "D.L. Swinger" Davis assisté par William Weinfeild. Kaos s'essaiera toutefois sur quelques pistes, pour des réalisations honnêtes et convaincantes. Dans un premier temps, il faut souligner la consistance des productions. On navigue entre inspirations légères et mélodieuses pour des titres plus fermes aux lignes de basse sourdes et graves. "Whatcha Wanna Do" ou "Causin Destruction" se revendique ainsi, avec une atmosphère appuyée, où les rimes se succèdent en continu, calées sur un rythme fort et redondant. Cependant, l'esprit général est très calme aux inspirations G-Funk et acoustique. On retrouve les mêmes ingrédients aux sorties californiennes, où guitares, basses, claviers et piano se chevauchent avec concorde. Un nombre incalculable de sifflets et sirènes stridentes vient zébrer des compositions musicalement riches. "I'm Real" emprunte ce chemin, où la cadence nonchalante, soutient les gammes légères plaquées au piano portées par les sifflets chantants qui s'éparpillent. "My Reality" quand à elle nous propose un jeu de nappes aux claviers des plus délicat. "And It Don't Stop" est le titre phare où le moog vrombit et les chœurs retentissent et nous entraînent sans retenue. On apprécie également le très acoustique "Pure Hustlin", où les riffs de guitare s'empilent et s'énervent lors d'un solo de grande envergure. Kaos se proclame "Tha Pure Hustler" et c'est en fonction que ses lèvres s'animent. La rime déployée est tranquille et se développe de manière brute, sans études ou exercices. Kaos rappe comme il vient. Si sa diction, presque sommaire par instants, peut dérouter, elle se révèle pourtant la clef de son succès. Le caractère "amateur" de l'intéressé est pourtant bourré de charme. L'alchimie est à mes yeux exemplaire et prend tout son sens avec pareille combinaison. Le son vient de la rue dans la chaleur de la nuit, au cœur des ruelles lors de transactions douteuses où perce difficilement la faible lueur des enseignes grésillantes. Véritable témoignage de cet univers, on est témoin d'une suite de morceaux qui séduisent instantanément. Quelques jolis refrains parsèment cette écoute et Shantay Hereford nous administrent de magnifiques chœurs de sa voix suaves aux reliefs satinés. L'écurie "DiBomb" siège également à la convention et revendique son droit de parole. Six Pak, PH Mob, Gin et Lil Dee dont alors entendre leurs voix lors de phases exercées.Kaos nous fait parvenir une véritable perle. La réalisation est pratiquement parfaite à mon sens. Elle présente plusieurs visages, tantôt G-Funk, tantôt Mobb, tout en conservant son identité et sa couleur locale. Une convention d'ores et déjà classique qui ravira les inconditionnels de nombreux horizons. On regrette toutefois qu'une telle réunion n'est pu donné suite à de pareilles et si bonnes intentions.

~ Sharingan Masta ~

Note : 17/20
Disponibilité : Assez rare.

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