Master P - The Ghettos Tryin' To Kill Me

Chronique :


On ne présente plus le producteur milliardaire, qui su au fil des albums enchaînés, traverser les ages et les styles, oscillant entre Mobb Bay, South et dernièrement axé sur un registre davantage commercial. Figure emblématique du G-Rap, controversé, critiqué, mais néanmoins incontournable sur une scène très occupée, l'opportuniste Master P reste une icône pour beaucoup. Toujours très intuitif, il prouva son flair, en s'entourant des meilleurs et des plus influents.C'est donc sans surprises qu'en 1994, débarquant de Richmond et accompagné de producteurs de renoms tels K-Lou, Larry D, ou encore Ski & CMT, Master P, nous livre un album crapuleux, condensé de sons sales et urbains, aux influences Mobb, engraissé de basses funky propres aux studios d'Oakland. Il n'en est d'ailleurs pas à son premier album, mais c'est pourtant avec cette sortie, que sa musique et son label atteint sa pleine dimension, et connaîtra véritablement le succès. Le "Solar Music Group" arrive alors dans la partie, assurant une production et une distribution de bien meilleure qualité. L'enregistrement est soigné, la jaquette classique et irrévérencieuse, est signée des pinceaux Phunky Phat Graph-X. Master P et son label, entrent dans une nouvelle ère. Ils signeront par la suite, la crème des talents de la Bay, se propulsant au firmament du panorama rap underground.Concernant les compositions, on alterne entre réalisations sombres et dures, avec des titres plus chantants, plus funky. Les claviers sont gras, la basse résonne et le moog se fait lourd. Les sirènes sont aigues et criantes. De nombreuses reprises de standards des années 70, ponctuent et assaisonnent l'écoute de l'album. Parfois peu rejoué, mais recuisiné à une sauce plus rugueuse et piquante, cela reste finalement de bon goût. Sans être G-Funk, ni même acoustique, on se laisse facilement emporter par ce cocktail détonnant, où l'on sent transpirer chacun des ingrédients. Calibres brillants, liasses entachées, pistons fumants et putes aguichantes, composent une recette musicale qui marque nos esprits chauffés par un soleil assommant d'une Californie pécheresse.Au micro, on retrouve donc Master P, épaulé de ses sempiternels frangins Miller. Les flows sont très honnêtes comme à l'accoutumée, sans être pour autant phénoménaux. Big Ed et King George apposent également leurs timbres, dans des couplets efficaces et phasés. Lil Ric et le clan Get Low font également une apparition, et au final, on assiste à une réunion de jeunes talents, assoiffés de rimes et de dollars.Quelques refrains viennent adoucir des réalisations abruptes, et c'est ainsi que Uhuru Wright, Del Gilbeaux et Nika & Angie, nous gratifient de chœurs légers et tranquilles.Pour conclure, c'est un album en aucun cas G-Funk, présenté aujourd'hui, mais témoin d'une époque et d'une musique révolue, vestige d'un courant et d'une attitude oubliés. Véritable pièce de collection, qui s'adresse davantage aux fans et aux puristes, cet album s'inscrit toutefois comme classique à mon sens.(Notons qu'une deuxième édition vit le jour en 1997, amputée de deux morceaux et d'au minimum deux minutes sur chaque titre, censurant ainsi les apparitions de Lil Ric ou autres King George).

~ Sharingan Masta ~

Note : 16/20
Disponibilité : Entre 150 et 200 $ aux enchères.

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